soldats. De ce cote, elle se croyait moins en danger, et etait rassuree;
mais elle etait fort effrayee pour le Danube, et y portait toute son
attention. Pour empecher les bruits alarmans, le conseil aulique avait
defendu a Vienne de parler des evenemens politiques; il avait organise
une levee de volontaires, et travaillait avec une activite remarquable
a equiper et armer de nouvelles troupes. Catherine, qui promettait
toujours et ne tenait jamais, rendit un seul service: elle garantit les
Gallicies a l'Autriche, ce qui permit d'en retirer les troupes qui s'y
trouvaient, pour les acheminer vers les Alpes et le Danube.
Ainsi, la France effrayait partout ses ennemis, et on attendait avec
impatience ce qu'allait decider le sort des armes le long du Danube
et de l'Adige. Sur la ligne immense qui s'etend de la Boheme a
l'Adriatique, trois armees allaient se choquer contre trois autres, et
decider du sort de l'Europe.
En Italie, on avait negocie en attendant la reprise des hostilites. On
avait fait la paix avec le Piemont, et depuis deux mois un traite avait
succede a l'armistice. Ce traite stipulait la cession definitive du
duche de Savoie et du comte de Nice a la France; la destruction
des forts de Suze et de la Brunette, places au debouche des Alpes;
l'occupation, pendant la guerre, des places de Coni, Tortone et
Alexandrie; le libre passage, pour les troupes francaises, dans les
etats du Piemont, et la fourniture de ce qui etait necessaire a ces
troupes pendant le trajet. Le directoire, a l'instigation de Bonaparte,
aurait voulu de plus une alliance offensive et defensive avec le roi de
Piemont, pour avoir dix ou quinze mille hommes de son armee. Mais ce
prince, en retour, demandait la Lombardie, dont la France ne pouvait
pas disposer encore, et dont elle songeait toujours a se servir comme
equivalent des Pays-Bas. Cette concession etant refusee, le roi ne
voulut pas consentir a une alliance.
Le directoire n'avait encore rien termine avec Genes; on disputait
toujours sur le rappel des familles exilees, sur l'expulsion des
familles feudadataires de l'Autriche et de Naples, et sur l'indemnite
pour la fregate _la Modeste_.
Avec la Toscane, les relations etaient amicales; cependant, les moyens
qu'on avait employes a l'egard des negocians livournais, pour obtenir
la declaration des marchandises appartenant aux ennemis de la France,
semaient des germes de mecontentement. Naples et Rome avaient envoye
des agens a Paris, c
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