ait pas content d'avoir detruit
vingt mille hommes, et dont il voulait ruiner entierement l'armee. Cette
operation etait indispensable pour l'execution de tous ses desseins en
Italie. Wurmser detruit, il pourrait faire une pointe jusqu'a Trieste,
ruiner ce point si important pour l'Autriche, revenir ensuite sur
l'Adige, faire la loi a Venise, a Rome et a Naples, dont la malveillance
etait toujours aussi manifeste, et donner enfin le signal de la liberte
en Italie, en constituant la Lombardie, les legations de Bologne et de
Ferrare, peut-etre meme le duche de Modene, en republique independante.
Il resolut donc, pour accomplir tous ces projets, de monter dans le
Tyrol, certain aujourd'hui d'etre seconde par la presence de Moreau sur
l'autre versant des Alpes.
Pendant que les troupes francaises employaient une vingtaine de jours a
se reposer, Wurmser reorganisait et renforcait les siennes. De nouveaux
detachemens venus de l'Autriche, et les milices tyroliennes, lui
permirent de porter son armee a pres de cinquante mille hommes. Le
conseil aulique lui envoya un autre chef d'etat-major, le general du
genie Laueer, avec de nouvelles instructions sur le plan a suivre pour
enlever la ligne de l'Adige. Wurmser devait laisser dix-huit ou vingt
mille hommes sous Davidovich, pour garder le Tyrol, et descendre avec le
reste, par la vallee de la Brenta, dans les plaines du Vicentin et du
Padouan. La Brenta prend naissance non loin de Trente, s'eloigne de
l'Adige en forme de courbe, redevient parallele a ce fleuve dans la
plaine, et va finir dans l'Adriatique. Une chaussee, partant de Trente,
conduit dans la vallee de la Brenta, et vient aboutir, par Bassano, dans
les plaines du Vicentin et du Padouan. Wurmser devait parcourir cette
vallee pour deboucher dans la plaine, et venir tenter le passage de
l'Adige, entre Verone et Legnago. Ce plan n'etait pas mieux concu que le
precedent, car il avait toujours l'inconvenient de diviser les forces en
deux corps, et de mettre Bonaparte au milieu.
Wurmser entrait en action, dans le meme moment que Bonaparte. Celui-ci
ignorant les projets de Wurmser, mais prevoyant avec une sagacite rare,
que, pendant son excursion au fond du Tyrol, il serait possible que
l'ennemi vint tater la ligne de l'Adige, de Verone a Legnago, laissa
le general Kilmaine a Verone avec une reserve de pres de trois mille
hommes, et avec tous les moyens de resister pendant deux jours au moins.
Le general Sahuguet resta avec
|