intentions de Venise, il songea a en faire sortir les
regimens esclavons. Il pretendit qu'ils etaient en hostilite avec les
troupes francaises, et, sous pretexte de prevenir les rixes, il les fit
sortir de la place. Le provediteur obeit, et il ne resta dans Verone que
la garnison francaise.
Wurmser avait porte son quartier-general a Trente et Roveredo. Il
detacha vingt mille hommes sous Quasdanovich, pour prendre la route qui
tourne le lac de Garda et vient deboucher sur Salo. Il en prit quarante
mille avec lui, et les distribua sur les deux routes qui longent
l'Adige. Les uns devaient attaquer la Corona et Rivoli, les autres
deboucher sur Verone. Il croyait envelopper ainsi l'armee francaise,
qui, etant attaquee a la fois sur l'Adige, et par derriere le lac de
Garda, se trouvait exposee a etre forcee sur son front, et a etre coupee
de sa ligne de retraite.
La renommee avait devance l'arrivee de Wurmser. Dans toute l'Italie on
attendait sa venue, et le parti ennemi de l'independance italienne se
montrait plein de joie et de hardiesse. Les Venitiens laisserent
eclater une satisfaction qu'ils ne pouvaient plus contenir. Les soldats
esclavons couraient les places publiques, et, tendant la main aux
passans, demandaient le prix du sang francais qu'ils allaient repandre.
A Rome, les agens de la France furent insultes; le pape, enhardi par
l'espoir d'une delivrance prochaine, fit retrograder les voitures
portant le premier a-compte de la contribution qui lui etait imposee; il
renvoya meme son legat a Ferrare et Bologne. Enfin, la cour de
Naples, toujours aussi insensee, foulant aux pieds les conditions de
l'armistice, fit marcher des troupes sur les frontieres des Etats
romains. La plus cruelle anxiete regnait au contraire dans les villes
devouees a la France et a la liberte. On attendait avec impatience les
nouvelles de l'Adige. L'imagination italienne, qui grossit tout, avait
exagere la disproportion des forces. On disait que Wurmser arrivait avec
deux armees, l'une de soixante, et l'autre de quatre-vingt mille hommes.
On se demandait comment ferait cette poignee de Francais pour resister
a une si grande masse d'ennemis; on se repetait le fameux proverbe, que
l'_Italie etait le tombeau des Francais_.
Le 11 thermidor an IV (29 juillet), les Autrichiens se trouverent en
presence de nos postes et les surprirent tous. Le corps qui avait tourne
le lac de Garda arriva sur Salo, d'ou il repoussa le general Sauret. Le
general
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