allait meme se trouver exposee a de grands
desastres. Jourdan, etant battu et ramene sur le Rhin, Moreau, de son
cote, ne pouvait rester en Baviere, et l'archiduc pouvait meme se porter
sur le Necker et le prevenir sur sa ligne de retraite. Cette conception
si juste a ete regardee comme la plus belle dont puissent s'honorer les
generaux autrichiens pendant ces longues guerres; comme celles qui dans
le moment signalaient le genie de Bonaparte en Italie, elle appartenait
a un jeune homme.
L'archiduc partit d'Ingolstadt le 29 thermidor (16 aout), cinq jours
apres la bataille de Neresheim. Jourdan, place sur la Naab, entre
Naabourg et Schwandorff, ne s'attendait pas a l'orage qui se preparait
sur sa tete. Il avait detache le general Bernadotte a Neumark, sur sa
droite, de maniere a se mettre en communication avec Moreau; objet
impossible a remplir, et pour lequel un corps detache etait inutilement
compromis. Ce fut contre ce detachement que l'archiduc, arrivant du
Danube, devait donner necessairement. Le general Bernadotte, attaque par
des forces superieures, fit une resistance honorable, mais fut oblige de
repasser rapidement les montagnes par lesquelles l'armee avait debouche
de la vallee du Mein dans celle du Danube. Il se retira a Nuremberg.
L'archiduc, apres avoir jete un corps a sa poursuite, se porta avec le
reste de ses forces sur Jourdan. Celui-ci, prevenu de l'arrivee d'un
renfort, averti du danger qu'avait couru Bernadotte, et de sa retraite
sur Nuremberg, se disposa a repasser aussi les montagnes. Au moment ou
il se mettait en marche, il fut attaque a la fois par l'archiduc et par
Wartensleben; il eut un combat difficile a soutenir a Amberg, et perdit
sa route directe vers Nuremberg. Jete avec ses parcs, sa cavalerie
et son infanterie, dans des routes de traverse, il courut de grands
dangers, et fit, pendant huit jours, une retraite des plus difficiles et
des plus honorables pour les troupes et pour lui. Il se retrouva sur
le Mein, a Schweinfurt, le 12 fructidor (29 aout), se proposant de se
diriger sur Wurtzbourg, pour y faire halte, y rallier ses corps, et
tenter de nouveau le sort des armes.
Pendant que l'archiduc executait ce beau mouvement sur l'armee de
Sambre-et-Meuse, il fournissait a Moreau l'occasion d'en executer un
pareil, aussi beau et aussi decisif. L'ennemi ne tente jamais une
hardiesse sans se decouvrir, et sans ouvrir de belles chances a son
adversaire. Moreau, n'ayant plus que trente-huit m
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