aces d'une extreme precipitation, il n'y vit
point le calcul du genie, mais un effet de l'epouvante; il fut plein de
joie, et entra en triomphe dans la place qu'il venait delivrer: c'etait
le 15 thermidor (2 aout).
Bonaparte, revenu a Pont-San-Marco et a Monte-Chiaro, ne s'arreta pas un
instant. Ses troupes n'avaient cesse de marcher: lui-meme avait toujours
ete a cheval; il resolut de les faire battre des le lendemain matin. Il
avait devant lui Bayalitsch a Lonato, Liptai a Castiglione, presentant a
eux un front de vingt-cinq mille hommes. Il fallait les attaquer
avant que Wurmser revint de Mantoue. Sauret venait une seconde fois
d'abandonner Salo; Bonaparte y envoya de nouveau Guyeux, pour reprendre
la position et contenir toujours Quasdanovich. Apres ces precautions sur
sa gauche et ses derrieres, il resolut de marcher devant lui a Lonato,
avec Massena, et de jeter Augereau sur les hauteurs de Castiglione,
abandonnees la veille par le general Valette. Il destitua ce general
devant l'armee, pour faire a tous ses lieutenans un devoir de la
fermete. Le lendemain 16 (3 aout), toute l'armee s'ebranla; Guyeux
rentra a Salo, ce qui rendit encore plus impossible toute communication
de Quasdanovich avec l'armee autrichienne. Bonaparte s'avanca sur
Lonato, mais son avant-garde fut culbutee, quelques pieces furent
prises, et le general Pigeon resta prisonnier. Bayalitsch, fier de ce
succes, s'avanca avec confiance, et etendit ses ailes autour de la
division francaise. Il avait deux buts en faisant cette manoeuvre,
d'abord d'envelopper Bonaparte, et puis de s'etendre par sa droite, pour
entrer en communication avec Quasdanovich, dont il entendait le canon
a Salo. Bonaparte, ne s'effrayant point pour ses derrieres, se laisse
envelopper avec un imperturbable sang-froid; il jette quelques
tirailleurs sur ses ailes menacees, puis il saisit les dix-huitieme et
trente-deuxieme demi-brigades d'infanterie, les range en colonne serree,
les fait appuyer par un regiment de dragons, et fond, tete baissee, sur
le centre de l'ennemi, qui s'etait affaibli pour s'etendre. Il
renverse tout avec cette brave infanterie, et perce ainsi la ligne des
Autrichiens. Ceux-ci, coupes en deux corps, perdent aussitot la tete;
une partie de cette division Bayalitsch se replie en toute hate vers
le Mincio; mais l'autre, qui s'etait etendue pour communiquer avec
Quasdanovich, se trouve rejetee vers Salo, ou Guyeux se trouvait dans le
moment. Bonaparte la fait
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