ernement anglais; le
peuple des trois royaumes souffrait horriblement de la guerre, et une
invasion, s'ajoutant aux autres maux qu'il endurait deja, pouvait le
porter au dernier degre d'exasperation. Les finances de Pitt etaient
chancelantes; et l'entreprise dirigee par Hoche pouvait avoir les plus
grandes consequences. Le projet fut aussitot accueilli. Le ministre
de la marine Truguet, republicain excellent, et ministre capable, le
seconda de toutes ses forces. Il rassembla une escadre dans le port
de Brest, et fit pour l'armer convenablement tous les efforts que
permettait l'etat des finances. Hoche reunit tout ce qu'il avait de
meilleures troupes dans son armee, et les rapprocha de Brest, pour
les embarquer. On eut soin de repandre differens bruits, tantot d'une
expedition a Saint-Domingue, tantot d'une descente a Lisbonne, pour
chasser les Anglais du Portugal, de concert avec l'Espagne.
L'Angleterre, qui se doutait du but de ces preparatifs, etait dans de
serieuses alarmes. Le traite d'alliance offensive et defensive entre
l'Espagne et la France lui presageait de nouveaux dangers; et les
defaites de l'Autriche lui faisaient craindre la perte de son puissant
et dernier allie. Ses finances etaient surtout dans un grand etat
de detresse; la Banque avait resserre ses escomptes; les capitaux
commencaient a manquer, et on avait arrete l'emprunt ouvert pour
l'empereur, afin de ne pas faire sortir de nouveaux fonds de Londres.
Les ports d'Italie etaient fermes aux vaisseaux anglais; ceux d'Espagne
allaient l'etre; ceux de l'Ocean l'etaient jusqu'au Texel. Ainsi le
commerce de la Grande-Bretagne se trouvait singulierement menace. A
toutes ces difficultes se joignaient celles d'une election generale; car
le parlement, touchant a sa septieme annee, etait a reelire tout entier.
Les elections se faisaient au milieu des cris de malediction contre Pitt
et contre la guerre.
L'empire avait abandonne presque en entier la cause de la coalition. Les
Etats de Bade et de Wurtemberg venaient de signer la paix definitive,
en permettant aux armees belligerantes le passage sur leur territoire.
L'Autriche etait dans les alarmes, en voyant deux armees francaises sur
le Danube, et une troisieme sur l'Adige, qui semblait fermer l'Italie.
Elle avait envoye Wurmser, avec trente mille hommes, pour recueillir
plusieurs reserves dans le Tyrol, rallier et reorganiser les debris
de l'armee de Beaulieu, et descendre en Lombardie avec soixante mille
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