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les impots seraient percus en numeraire ou en mandats au cours; on ne
fit d'exception que pour la contribution fonciere. Depuis la creation
des mandats on avait voulu la percevoir en papier, et non plus en
nature. On sentit qu'il aurait mieux valu la percevoir toujours en
nature, parce qu'au milieu des variations du papier, on aurait au moins
recueilli des denrees. On decida donc, apres de longues discussions, et
plusieurs projets successivement rejetes chez les anciens, que, dans les
departemens frontieres ou voisins des armees, la perception pourrait
etre exigee en nature; que dans les autres elle aurait lieu en mandats
aux cours des grains. Ainsi, on evaluait le ble en 1790 a 10 fr. le
quintal; on l'evaluait aujourd'hui a 80 fr. en mandats. Chaque dix
francs de cotisation, representant un quintal de ble, devait se payer
aujourd'hui 80 fr. en mandats. Il eut ete bien plus simple d'exiger le
paiement en numeraire ou mandats au cours; mais on ne l'osa pas encore;
on commencait donc a revenir a la realite, mais en hesitant.
L'emprunt force n'etait point encore recouvre. L'autorite n'avait plus
l'energie d'arbitraire qui aurait pu assurer la prompte execution d'une
pareille mesure. Il restait pres de 300 millions a percevoir. On decida
qu'en acquittement de l'emprunt et de l'impot, les mandats seraient
recus au pair, et les assignats a cent capitaux pour un, mais pendant
quinze jours seulement; et qu'apres ce terme, le papier ne serait plus
recu qu'au cours. C'etait une maniere d'encourager les retardataires a
s'acquitter.
La chute des mandats etant declaree, il n'etait plus possible de les
recevoir en paiement integral des biens nationaux qui leur etaient
affectes; et la banqueroute qu'on leur avait predite comme aux
assignats, devenait inevitable. On avait annonce, en effet, que les
mandats emis pour 2 milliards 400 millions, tombant fort au-dessous de
cette valeur, et ne valant plus que 2 a 3 cents millions, l'etat ne
voudrait plus donner la valeur promise des biens, c'est-a-dire 2
milliards 400 millions. On avait soutenu le contraire dans l'espoir que
les mandats se maintiendraient a une certaine valeur; mais 100 francs
tombant a 5 ou 6 fr., l'etat ne pouvait plus donner une terre de 100
francs, en 1790, et de 30 a 40 francs aujourd'hui, pour 5 ou 6 fr.
C'etait la l'espece de banqueroute qu'avaient subie les assignats, et
dont nous avons explique plus haut la nature. L'etat faisait la ce que
fait aujourd'hui une
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