tirerent des petards, et jeterent quelques cocardes blanches dans les
rues. Mais la police avertie avait pris de telles precautions, qu'ils
furent reduits a l'impossibilite de faire aucun mouvement. Ils ne se
decouragerent pas, et, quelques jours apres, le 22 (9 septembre), ils
deciderent de consommer leur complot. Trente des principaux se
reunirent au Gros-Caillou, et resolurent de former dans la nuit meme un
rassemblement dans le quartier de Vaugirard. Ce quartier, voisin du
camp de Grenelle, etait plein de jardins, et coupe de murailles; il
presentait des lignes derriere lesquelles ils pourraient se reunir, et
faire resistance, dans le cas ou ils seraient attaques. Le soir, en
effet, ils se trouverent reunis au nombre de sept ou huit cents, armes
de fusils, de pistolets, de sabres, de cannes a epee. C'etait tout ce
que le parti renfermait de plus determine. Il y avait parmi eux quelques
officiers destitues, qui se trouvaient a la tete du rassemblement avec
leurs uniformes et leurs epaulettes. Il s'y trouvait aussi quelques
ex-conventionnels en costume de representans, et meme, dit-on, Drouet,
qui etait reste cache dans Paris depuis son evasion. Un officier de la
garde du directoire, a la tete de dix cavaliers, faisait patrouille dans
Paris, lorsqu'il fut averti du rassemblement forme a Vaugirard. Il y
accourut a la tete de ce faible detachement; mais a peine arrive, il fut
accueilli par une decharge de coups de fusil, et assailli par deux cents
hommes armes, qui l'obligerent a se retirer a toute bride. Il alla
sur-le-champ faire mettre sous les armes la garde du directoire, et
envoya un officier au camp de Grenelle pour y donner l'eveil. Les
patriotes ne perdirent pas de temps, et, l'eveil donne, se rendirent en
toute hate a la plaine de Grenelle, au nombre de quelques cents. Ils se
dirigerent vers le quartier du vingt-et-unieme de dragons, ci-devant
legion de police, et essayerent de le gagner, en disant qu'ils venaient
fraterniser avec lui. Le chef d'escadron Malo, qui commandait ce
regiment, sortit aussitot de sa tente, se lanca a cheval, moitie
habille, reunit autour de lui quelques officiers et les premiers dragons
qu'il rencontra, et chargea a coups de sabre ceux qui lui proposaient
de fraterniser. Cet exemple decida les soldats; ils coururent a leurs
chevaux, fondirent sur le rassemblement, et l'eurent bientot disperse.
Ils tuerent ou blesserent un grand nombre d'individus, et en arreterent
cent trente-deux. Le
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