ent eux-memes les demeures de ces illustres savans. Exemple
doublement honorable et pour la France et pour l'Italie!
Bonaparte lanca ensuite dans la campagne ses trois cents chevaux, et fit
sabrer une grande quantite de revoltes. Cette prompte repression ramena
la soumission partout, et imposa au parti qui en Italie etait oppose a
la liberte et a la France. Il est triste d'etre reduit a employer des
moyens pareils; mais Bonaparte le devait sous peine de sacrifier son
armee et les destinees de l'Italie. Le parti des moines trembla; les
malheurs de Pavie, racontes de bouche en bouche, furent exageres; et
l'armee francaise recouvra sa renommee formidable.
Cette expedition terminee, Bonaparte rebroussa chemin sur-le-champ pour
rejoindre l'armee qui etait sur l'Oglio, et qui allait passer sur le
territoire venitien.
A l'approche de l'armee francaise, la question, tant agitee a Venise, du
parti a prendre entre l'Autriche et la France, fut discutee de nouveau
par le senat. Quelques vieux oligarques, qui avaient conserve de
l'energie, auraient voulu qu'on s'alliat sur-le-champ a l'Autriche,
patronne naturelle de tous les vieux despotismes; mais on craignait
pour l'avenir l'ambition autrichienne, et dans le moment les foudres
francaises. D'ailleurs il fallait prendre les armes, resolution qui
coutait beaucoup a un gouvernement enerve. Quelques jeunes oligarques
aussi energiques, mais moins entetes que les vieux, voulaient aussi
une determination courageuse; ils proposaient de faire un armement
formidable, mais de garder la neutralite, et de menacer de cinquante
mille hommes celle des deux puissances qui violerait le territoire
venitien. Cette resolution etait forte, mais trop forte pour etre
adoptee. Quelques esprits sages, au contraire, proposaient un troisieme
parti, c'etait l'alliance avec la France. Le senateur Battaglia, esprit
fin, penetrant et modere, presenta des raisonnemens que la suite des
temps a rendus pour ainsi dire prophetiques. Selon lui, la neutralite,
meme armee, etait la plus mauvaise de toutes les determinations. On
ne pourrait pas se faire respecter, quelque force qu'on deployat; et
n'ayant attache aucun des deux partis a sa cause, on serait tot ou tard
sacrifie par tous les deux. Il fallait donc se decider pour l'Autriche
ou pour la France. L'Autriche etait pour le moment expulsee de l'Italie;
et meme, en lui supposant les moyens d'y rentrer, elle ne le pourrait
pas avant deux mois, temps pendant lequ
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