nt-George, et les enleva. Des cet instant, Serrurier
put bloquer, avec huit mille hommes, une garnison qui se composait de
quatorze, dont dix mille etaient sous les armes, et quatre mille dans
les hopitaux. Bonaparte fit commencer les travaux du siege, et mettre
toute la ligne de l'Adige en etat de defense. Ainsi, dans moins de
deux mois, il avait conquis l'Italie. Il s'agissait de la garder. Mais
c'etait la ce dont on doutait, et c'etait l'epreuve sur laquelle on
voulait juger le jeune general.
Le directoire venait de repondre aux observations faites par Bonaparte
sur le projet de diviser l'armee et de marcher dans la peninsule. Les
idees de Bonaparte etaient trop justes pour ne pas frapper l'esprit
de Carnot, et ses services trop eclatans pour que sa demission fut
acceptee. Le directoire se hata de lui ecrire pour approuver ses
projets, pour lui confirmer le commandement de toutes les forces
agissant en Italie, et l'assurer de toute la confiance du gouvernement.
Si les magistrats de la republique avaient eu le don de prophetie, ils
auraient bien fait d'accepter la demission de ce jeune homme, quoiqu'il
eut raison dans l'avis qu'il soutenait, quoique sa retraite fit perdre a
la republique l'Italie et un grand capitaine; mais dans le moment on ne
voyait en lui que la jeunesse, le genie, la victoire, et on eprouvait
l'interet, on avait les egards que toutes ces choses inspirent.
Le directoire n'imposait a Bonaparte qu'une seule condition, c'etait de
faire sentir a Rome et a Naples la puissance de la republique. Tout ce
qu'il y avait de patriotes sinceres en France le desirait. Le pape, qui
avait anathematise la France, preche une croisade contre elle, et laisse
assassiner dans sa capitale notre ambassadeur, meritait certes un
chatiment. Bonaparte, libre d'agir maintenant comme il l'entendait,
pretendait obtenir tous ces resultats sans quitter la ligne de l'Adige.
Tandis qu'une partie de l'armee gardait cette ligne, qu'une autre
assiegeait Mantoue et le chateau de Milan, il voulait, avec une simple
division echelonnee en arriere sur le Po, faire trembler toute la
peninsule, et amener le pontife et la reine de Naples a implorer la
clemence republicaine. On annoncait l'approche d'une grande armee,
detachee du Rhin pour venir disputer l'Italie a ses vainqueurs. Cette
armee, qui devait traverser la Foret-Noire, le Voralberg, le Tyrol, ne
pouvait arriver avant un mois. Bonaparte avait donc le temps de tout
terminer sur ses
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