derrieres, sans trop s'eloigner de l'Adige, et de
maniere a pouvoir, par une simple marche retrograde, se retrouver en
face de l'ennemi.
Il etait temps en effet qu'il songeat au reste de l'Italie. La presence
de l'armee francaise y developpait les opinions avec une singuliere
rapidite. Les provinces venitiennes ne pouvaient plus souffrir le joug
aristocratique. La ville de Brescia manifestait un grand penchant a la
revolte. Dans toute la Lombardie, et surtout a Milan, l'esprit public
faisait des progres rapides. Les duches de Modene et Reggio, les
legations de Bologne et Ferrare, ne voulaient plus ni de leur vieux
duc, ni du pape. En revanche, le parti contraire devenait plus hostile.
L'aristocratie genoise etait fort indisposee, et meditait de mauvais
projets sur nos derrieres. Le ministre autrichien Gerola etait
l'instigateur secret de tous ces projets. L'etat de Genes etait rempli
de petits fiefs relevant de l'Empire. Les seigneurs genois revetus de
ces fiefs reunissaient les deserteurs, les bandits, les prisonniers
autrichiens qui avaient reussi a s'echapper, les soldats piemontais
qu'on avait licencies, et formaient des bandes de partisans connus sous
le nom de _Barbets_. Ils infestaient l'Apennin par ou l'armee francaise
etait entree; ils arretaient les courriers, pillaient nos convois,
massacraient les detachemens francais quand ils n'etaient pas assez
nombreux pour se defendre, et repandaient l'inquietude sur la route de
France. En Toscane, les Anglais s'etaient rendus maitres du port de
Livourne, grace a la protection du gouverneur, et le commerce francais
etait traite en ennemi. Enfin Rome faisait des preparatifs hostiles;
l'Angleterre lui promettait quelques mille hommes; et Naples, toujours
agitee par les caprices d'une reine violente, annoncait un armement
formidable. Le faible roi, quittant un instant le soin de la peche,
avait publiquement implore l'assistance du ciel; il avait, dans une
ceremonie solennelle, depose ses ornemens royaux, et les avait consacres
au pied des autels. Toute la populace napolitaine avait applaudi
et pousse d'affreuses vociferations; une multitude de miserables,
incapables de manier un fusil et d'envisager une baionnette francaise,
demandaient des armes et voulaient marcher contre notre armee.
Quoique ces mouvemens n'eussent rien de bien alarmant pour Bonaparte,
tant qu'il pouvait disposer de six mille hommes, il devait se hater de
les reprimer avant l'arrivee de la nouvelle a
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