une lettre au celebre astronome Oriani,
au nom de la republique, et demanda a le voir. Ce savant modeste fut
interdit en presence du jeune vainqueur, et ne lui rendit hommage que
par son embarras. Bonaparte ne negligeait rien pour honorer l'Italie,
pour reveiller son orgueil et son patriotisme. Ce n'etait point un
conquerant barbare qui venait la ravager, c'etait un heros de la
liberte venant ranimer le flambeau du genie dans l'antique patrie de la
civilisation. Il laissa Monge, Bertholet et les freres Thouin, que le
directoire lui avait envoyes, pour choisir les objets destines aux
musees de Paris.
Le 8 messidor (26 juin), il passa l'Apennin avec la division Vaubois, et
entra en Toscane. Le duc, epouvante, lui envoya son ministre Manfredini.
Bonaparte le rassura sur ses intentions, qu'il laissa secretes. Pendant
ce temps, sa colonne se porta a marches forcees sur Livourne, ou
elle entra a l'improviste, et s'empara de la factorerie anglaise. Le
gouverneur Spannochi fut saisi, enferme dans une chaise de poste, et
envoye au grand-duc avec une lettre, dans laquelle on expliquait les
motifs de cet acte d'hostilite commis chez une puissance amie. On disait
au grand-duc que son gouverneur avait manque a toutes les lois de la
neutralite, en opprimant le commerce francais, en donnant asile aux
emigres et a tous les ennemis de la republique; et on ajoutait que, par
respect pour son autorite, on lui laissait a lui-meme le soin de punir
un ministre infidele. Cet acte de vigueur prouvait a tous les etats
neutres que le general francais ferait la police chez eux, s'ils ne
savaient l'y faire. On n'avait pas pu saisir tous les vaisseaux des
Anglais, mais leur commerce fit de grandes pertes. Bonaparte laissa
garnison a Livourne, et designa des commissaires pour se faire livrer
tout ce qui appartenait aux Anglais, aux Autrichiens et aux Russes. Il
se rendit ensuite de sa personne a Florence, ou le grand-duc lui fit une
reception magnifique. Apres y avoir sejourne quelques jours, il repassa
le Po pour revenir a son quartier-general de Roverbella, pres Mantoue.
Ainsi, une vingtaine de jours, et une division echelonnee sur la droite
du Po, lui avaient suffi pour imposer aux puissances de l'Italie, et
pour s'assurer du calme pendant les nouvelles luttes qu'il avait encore
a soutenir contre la puissance autrichienne.
Tandis que l'armee d'Italie remplissait avec tant de gloire la tache
qui lui etait imposee dans le plan general de campagne
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