hommes sur le Bas-Rhin, pouvait etre
accable et detruit, pendant que le reste de son armee perdrait un temps
incalculable a remonter depuis Mayence jusqu'a Strasbourg. Il etait bien
plus naturel de faire executer le passage vers Strasbourg, par l'extreme
droite de Moreau. Cette maniere de proceder permettait tout autant de
secret que l'autre, et ne faisait pas perdre un temps precieux aux
armees. Cette modification fut admise. Jourdan, profitant des deux tetes
de pont qu'il avait a Dusseldorf et a Neuwied, dut passer le premier
pour attirer l'ennemi a lui, et detourner ainsi l'attention du
Haut-Rhin, ou Moreau avait un passage de vive force a executer.
Le plan etant ainsi arrete, on se prepara a le mettre a execution. Les
armees des deux nations etaient a peu pres egales en forces. Depuis le
depart de Wurmser, les Autrichiens avaient sur toute la ligne du Rhin
cent cinquante et quelques mille hommes, cantonnes depuis Bale jusqu'aux
environs de Dusseldorf. Les Francais en avaient autant, sans compter
quarante mille hommes consacres a la garde de la Hollande, et entretenus
a ses frais. Il y avait cependant une difference entre les deux armees.
Les Autrichiens, dans ces cent cinquante mille hommes, comptaient a peu
pres trente-huit mille chevaux, et cent quinze mille fantassins; les
Francais avaient plus de cent trente mille fantassins, mais quinze ou
dix-huit mille chevaux tout au plus. Cette superiorite en cavalerie
donnait aux Autrichiens un grand avantage, surtout pour les retraites.
Les Autrichiens avaient un autre avantage, celui d'obeir a un seul
general. Depuis le depart de Wurmser, les deux armees imperiales avaient
ete placees sous les ordres supremes du jeune archiduc Charles, qui
s'etait deja distingue a Turcoing, et des talens duquel on augurait
beaucoup. Les Francais avaient deux excellens generaux, mais agissant
separement, a une grande distance l'un de l'autre, et sous la direction
d'un cabinet place a deux cents lieues du theatre de la guerre.
L'armistice expirait le 11 prairial (30 mai). Les hostilites
commencerent par une reconnaissance generale sur les avant-postes.
L'armee de Jourdan s'etendait, comme on sait, des environs de Mayence
jusqu'a Dusseldorf. Il avait a Dusseldorf une tete de pont pour
deboucher sur la rive droite; il pouvait ensuite remonter entre la ligne
de la neutralite prussienne et le Rhin, jusqu'aux bords de la Lahn, pour
se porter de la Lahn sur le Mein. Les Autrichiens avaient qui
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