it a Bologne le meme jour.
L'enthousiasme des Modenois fut extreme. Ils vinrent a sa rencontre,
et lui envoyerent une deputation pour le complimenter. Les principaux
d'entre eux l'entourerent de sollicitations, et le supplierent de les
affranchir du joug de leur duc, qui avait emporte leurs depouilles a
Venise. Comme la regence laissee par le duc s'etait montree fidele aux
conditions de l'armistice, et que Bonaparte n'avait aucune raison pour
exercer les droits de conquete sur le duche, il ne pouvait satisfaire
les Modenois; c'etait d'ailleurs une question que la politique
conseillait d'ajourner. Il se contenta de donner des esperances, et
conseilla le calme. Il partit pour Bologne. Le fort d'Urbin etait sur
sa route, et c'etait la premiere place appartenant au pape. Il la fit
sommer; le chateau se rendit. Il renfermait soixante pieces de canon de
gros calibre, et quelques cents hommes. Bonaparte fit acheminer cette
grosse artillerie sur Mantoue, pour y etre employee au siege. Il arriva
a Bologne, ou l'avait precede la division Augereau. La joie des habitans
fut des plus vives. Bologne est une ville de cinquante mille ames,
magnifiquement batie, celebre par ses artistes, ses savans et son
universite. L'amour pour la France et la haine pour le Saint-Siege y
etaient extremes. Ici Bonaparte ne craignait pas de laisser eclater les
sentimens de liberte, car il etait dans les possessions d'un ennemi
declare, le pape, et il lui etait permis d'exercer le droit de conquete.
Les deux legations de Ferrare et de Bologne l'entourerent de leurs
deputes: il leur accorda une independance provisoire, en promettant de
la faire reconnaitre a la paix.
Le Vatican etait dans l'alarme, et il envoya sur-le-champ un negociateur
pour interceder en sa faveur. L'ambassadeur d'Espagne, d'Azara, connu
par son esprit et par son gout pour la France, et ministre d'une
puissance amie, fut choisi. Il avait deja negocie pour le duc de Parme.
Il arriva a Bologne, et vint mettre la tiare aux pieds de la republique
victorieuse. Fidele a son plan, Bonaparte, qui ne voulait rien abattre
ni rien edifier encore, exigea d'abord que les legations de Bologne
et de Ferrare restassent independantes, que la ville d'Ancone recut
garnison francaise, que le pape donnat 21 millions, des bles, des
bestiaux, et cent tableaux ou statues: ces conditions furent acceptees.
Bonaparte s'entretint beaucoup avec le ministre d'Azara, et le laissa
plein d'enthousiasme. Il ecrivit
|