s Francais en Italie, au mauvais choix de
la ligne defensive. Les lignes sont nombreuses dans la Haute-Italie,
car une multitude de fleuves la parcourent des Alpes a la mer. La
plus grande et la plus celebre, la ligne du Po, qui traverse toute
la Lombardie, lui paraissait mauvaise comme trop etendue. Une armee,
suivant lui, ne pouvait pas garder cinquante lieues de cours. Une feinte
pouvait toujours ouvrir le passage d'un grand fleuve. Lui-meme avait
franchi le Po a quelques lieues de Beaulieu. Les autres fleuves, tels
que le Tesin, l'Adda, l'Oglio, tombant dans le Po, se confondaient avec
lui, et avaient les memes inconveniens. Le Mincio etait gueable, et
d'ailleurs tombait aussi dans le Po. L'Adige seul, sortant du Tyrol et
allant se jeter dans la mer, couvrait toute l'Italie. Il etait profond,
n'avait qu'un cours tres peu etendu des montagnes a la mer. Il etait
couvert par deux places, Verone et Porto-Legnago, tres voisines l'une
de l'autre, et qui, sans etre fortes, pouvaient resister a une
premiere attaque. Enfin il parcourait, a partir de Legnago, des marais
impraticables, qui couvraient la partie inferieure de son cours. Les
fleuves plus avances dans la Haute-Italie, tels que la Brenta, la Piave,
le Tagliamento, etaient gueables, et tournes d'ailleurs par la grande
route du Tyrol, qui debouchait sur leurs derrieres, L'Adige, au
contraire, avait l'avantage d'etre place au debouche de cette route, qui
parcourt sa propre vallee.
Telles etaient les raisons qui deciderent Bonaparte pour cette ligne,
et une immortelle campagne a prouve la justesse de son jugement. Cette
ligne occupee, il fallait songer maintenant a commencer le siege de
Mantoue. Cette place, situee sur le Mincio, etait en arriere de l'Adige,
et se trouvait couverte par ce fleuve. On la regardait comme le
boulevart de l'Italie. Assise au milieu d'un lac forme par les eaux du
Mincio, elle communiquait avec la terre ferme par cinq digues. Malgre
sa reputation, cette place avait des inconveniens qui en diminuaient la
force reelle. Placee au milieu d'exhalaisons marecageuses, elle etait
exposee aux fievres; ensuite, les tetes de chaussees enlevees, l'assiege
se trouvait rejete dans la place, et pouvait etre bloque par un corps
tres-inferieur a la garnison. Bonaparte comptait la prendre avant qu'une
nouvelle armee put arriver au secours de l'Italie. Le 15 prairial (3
juin), il fit attaquer les tetes de chaussees, dont une etait formee par
le faubourg de Sai
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