ut aux armes, et
donna la chasse a cette division, qui parvint cependant a rejoindre
Beaulieu.
Le Mincio etait donc franchi. Bonaparte avait decide une seconde fois la
retraite des Imperiaux, qui se rejetaient definitivement dans le
Tyrol. Il avait obtenu un avantage important, celui de faire battre sa
cavalerie, qui maintenant ne craignait plus celle des Autrichiens. Il
attachait a cela un grand prix. On se servait peu de la cavalerie
avant lui, et il avait juge qu'on pouvait en tirer un grand parti, en
l'employant a couvrir l'artillerie. Il avait calcule que l'artillerie
legere et la cavalerie, employees a propos, pouvaient produire l'effet
d'une masse d'infanterie dix fois plus forte. Il affectionnait deja
beaucoup le jeune Murat, qui savait faire battre ses escadrons; merite
qu'il regardait alors comme fort rare chez les officiers de cette arme.
La surprise qui avait mis sa personne en danger lui inspira une autre
idee: ce fut de former un corps d'hommes d'elite, qui, sous le nom de
guides, devaient l'accompagner partout. Sa surete personnelle n'etait
qu'un objet secondaire a ses yeux; il voyait l'avantage d'avoir toujours
sous sa main un corps devoue et capable des actions les plus hardies. On
le verra en effet decider de grandes choses, en lancant vingt-cinq de
ces braves gens. Il en donna le commandement a un officier de cavalerie,
intrepide et calme, fort connu depuis sous le nom de Bessieres.
Beaulieu avait evacue Peschiera, pour remonter dans le Tyrol. Un combat
s'etait engage avec l'arriere-garde autrichienne, et l'armee francaise
n'etait entree dans la ville qu'apres une action assez vive. Les
Venitiens n'ayant pas pu la soustraire a Beaulieu, elle avait cesse
d'etre neutre; et les Francais etaient autorises a s'y etablir.
Bonaparte savait bien que les Venitiens avaient ete trompes par
Beaulieu, mais il resolut de se servir de cet evenement pour obtenir
d'eux tout ce qu'il desirait. Il voulait la ligne de l'Adige et
particulierement l'importante ville de Verone qui commande le fleuve; il
voulait surtout se faire nourrir.
Le provediteur Foscarelli, vieil oligarque venitien, tres-entete dans
ses prejuges, et plein de haine contre la France, etait charge de se
rendre au quartier-general de Bonaparte. On lui avait dit que le general
etait extremement courrouce de ce qui etait arrive a Peschiera, et la
renommee repandait que son courroux etait redoutable. Binasco, Pavie,
faisaient foi de sa severite; deux a
|