ge ainsi tous les profits du commerce.
Entre sa capitale et le littoral, elle comptait a peu pres cent mille
habitans; elle entretenait ordinairement trois a quatre mille hommes de
troupes; elle pouvait au besoin armer tous les paysans de l'Apennin,
et en former une milice excellente; elle etait riche en revenus.
Deux partis la divisaient: le parti contraire a la France avait eu
l'avantage, et avait expulse plusieurs familles. Le directoire dut
demander le rappel de ces familles, et une indemnite pour l'attentat
commis sur la fregate _la Modeste_.
En quittant Genes, et en s'enfoncant a droite dans la peninsule, le long
du revers meridional de l'Apennin, se presentait d'abord l'heureuse
Toscane, placee sur les deux bords de l'Arno, sous le soleil le plus
doux, et dans l'une des parties les mieux abritees de l'Italie. Une
portion de cette contree formait la petite republique de Lucques,
peuplee de cent quarante mille habitans; le reste formait le grand-duche
de Toscane, gouverne recemment par l'archiduc Leopold, et maintenant par
l'archiduc Ferdinand. Dans ce pays, le plus eclaire et le plus poli de
l'Italie, la philosophie du dix-huitieme siecle avait doucement germe.
Leopold y avait accompli ses belles reformes legislatives, et avait
tente avec succes les experiences les plus honorables pour l'humanite.
L'eveque de Pistoie y avait meme commence une espece de reforme
religieuse, en y propageant les doctrines jansenistes. Quoique la
revolution eut effraye les esprits doux et timides de la Toscane,
cependant c'etait la que la France avait le plus d'appreciateurs et
d'amis. L'archiduc, quoique Autrichien, avait ete l'un des premiers
princes de l'Europe a reconnaitre notre republique. Il avait un million
de sujets, six mille hommes de troupes, et un revenu de quinze millions.
Malheureusement la Toscane etait de toutes les principautes italiennes
la plus incapable de se defendre.
Apres la Toscane venait l'Etat de l'Eglise. Les provinces soumises
au pape, s'etendant sur les deux versans de l'Apennin, du cote de
l'Adriatique et de la Mediterranee, etaient les plus mal administrees de
l'Europe. Elles n'avaient que leur belle agriculture, ancienne tradition
des ages recules, qui est commune a toute l'Italie, et qui supplee aux
richesses de l'industrie bannie depuis long-temps de son sein. Excepte
dans les legations de Bologne et de Ferrare, ou regnait un mepris
profond pour le gouvernement des pretres, et a Rome, antique depot
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