l en partit le 2 prairial (21
mai), pour se rendre a Lodi, et s'avancer vers l'Adige.
Tandis que Bonaparte poursuivait sa marche, un evenement inattendu le
rappela tout a coup a Milan. Les nobles, les moines, les domestiques des
familles fugitives, une foule de creatures du gouvernement autrichien,
y preparaient une revolte contre l'armee francaise. Ils repandirent que
Beaulieu, renforce, arrivait avec soixante mille hommes; que le prince
de Conde debouchait par la Suisse, sur les derrieres des republicains,
et qu'ils allaient etre perdus. Les pretres, usant de leur influence
sur quelques paysans qui avaient souffert du passage de l'armee, les
exciterent a prendre les armes. Bonaparte n'etant plus a Milan, on crut
que le moment etait favorable pour operer la revolte, et faire soulever
toute la Lombardie sur ses derrieres. La garnison du chateau de Milan
donna le signal par une sortie. Aussitot le tocsin sonna dans toutes les
campagnes environnantes; des paysans armes se transporterent a Milan
pour s'en emparer. Mais la division que Bonaparte avait laissee pour
bloquer le chateau, ramena vivement la garnison dans ses murs, et
chassa les paysans qui se presentaient. Dans les environs de Pavie, les
revoltes eurent plus de succes. Ils entrerent dans cette ville, et s'en
emparerent malgre trois cents hommes que Bonaparte y avait laisses en
garnison. Ces trois cents hommes, fatigues ou malades, se renfermerent
dans un fort, pour n'etre pas massacres. Les insurges entourerent le
fort, et le sommerent de se rendre. Un general francais, qui passait
dans ce moment a Pavie, fut entoure; on l'obligea, le poignard sur la
gorge, a signer un ordre pour engager la garnison a ouvrir ses portes.
L'ordre fut signe et execute.
Cette revolte pouvait avoir des consequences desastreuses; elle pouvait
provoquer une insurrection generale, et amener la perte de l'armee
francaise. L'esprit public d'une nation est toujours plus avance dans
les villes que dans les campagnes. Tandis que la population des villes
d'Italie se declarait pour nous, les paysans, excites par les moines, et
foules par le passage des armees, etaient fort mal disposes. Bonaparte
se trouvait a Lodi, lorsqu'il apprit, le 4 prairial (23 mai), les
evenemens de Milan et de Pavie; sur-le-champ il rebroussa chemin
avec trois cents chevaux, un bataillon de grenadiers, et six pieces
d'artillerie. L'ordre etait deja retabli dans Milan. Il continua sa
route sur Pavie, en se faisant p
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