equivalaient a une paix, et qui le rendaient maitre de toutes les
existences en Italie. Il exigea 10 millions, des subsistances de toute
espece, des chevaux, et des tableaux.
Avec ces ressources obtenues dans le pays, il etablit, sur les bords du
Po, de grands magasins, des hopitaux fournis d'effets pour quinze mille
malades, et remplit toutes les caisses de l'armee. Se jugeant meme assez
riche, il achemina sur Genes quelques millions pour le directoire. Comme
il savait en outre que l'armee du Rhin manquait de fonds, et que cette
penurie arretait son entree en campagne, il fit envoyer par la Suisse
un million a Moreau. C'etait un acte de bon camarade, qui lui etait
honorable et utile; car il importait que Moreau entrat en campagne pour
empecher les Autrichiens de porter leurs principales forces en Italie.
A la vue de toutes ces choses, Bonaparte se confirmait davantage dans
ses projets. Il n'etait pas necessaire, selon lui, de marcher contre les
princes d'Italie; il ne fallait agir que contre les Autrichiens; tant
qu'on resisterait a ceux-ci, et qu'on pourrait leur interdire le retour
en Lombardie, tous les etats italiens, tremblant sous l'ascendant de
l'armee francaise, se soumettraient l'un apres l'autre. Les ducs de
Parme et de Modene s'etaient soumis. Rome, Naples, en feraient autant,
si l'on restait maitre des portes de l'Italie. Il fallait de meme
garder l'expectative a l'egard des peuples; et, sans renverser les
gouvernemens, attendre que les sujets se soulevassent eux-memes.
Mais, au milieu de ces pensees si justes, de ces travaux si vastes,
une contrariete des plus facheuses vint l'arreter. Le directoire etait
enchante de ses services; mais Carnot, en lisant ses depeches, ecrites
avec energie et precision, et aussi avec une imagination extreme, fut
epouvante de ses plans gigantesques. Il trouvait avec raison, que
vouloir traverser le Tyrol, et franchir les Alpes une seconde fois,
etait un projet trop extraordinaire, et meme impossible; mais a son
tour, pour corriger le projet du jeune capitaine, il en concevait un
autre bien plus dangereux. La Lombardie conquise, il fallait se replier,
suivant Carnet, dans la peninsule, aller punir le pape et les Bourbons
de Naples, et chasser les Anglais de Livourne, ou le duc de Toscane les
laissait dominer. Pour cela Carnot ordonnait, au nom du directoire, de
partager l'armee d'Italie en deux, d'en laisser une partie en Lombardie,
sous les ordres de Kellermann, et de fai
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