rmes a la tete de quinze cents hommes. Laharpe et Massena, de leur
cote, fondent sur Dego, ou l'armee autrichienne s'etait renforcee, le
22 et le 23, des corps ramenes de Genes. L'attaque est terrible; apres
plusieurs assauts, Dego est enleve; les Autrichiens perdent une
partie de leur artillerie, et laissent quatre mille prisonniers, dont
vingt-quatre officiers.
Pendant cette action, Bonaparte avait remarque un jeune officier nomme
Lannes, qui chargeait avec une grande bravoure; il le fit colonel sur le
champ de bataille.
On se battait depuis quatre jours, et on avait besoin de repos; les
soldats se reposaient a peine des fatigues de la bataille, que le bruit
des armes se fait de nouveau entendre. Six mille grenadiers ennemis
entrent dans Dego, et nous enlevent cette position qui avait coute tant
d'efforts. C'etait un des corps autrichiens qui etaient restes engages
sur le versant maritime de l'Apennin, et qui repassaient les monts. Le
desordre etait si grand que ce corps avait donne sans s'en douter au
milieu de l'armee francaise. Le brave Wukassovich, qui commandait ces
six mille grenadiers, croyant devoir se sauver par un coup d'audace,
avait enleve Dego. Il faut donc recommencer la bataille, et renouveler
les efforts de la veille. Bonaparte s'y porte au galop, rallie ses
colonnes et les lance sur Dego. Elles sont arretees par les grenadiers
autrichiens; mais elles reviennent a la charge, et, entrainees enfin par
l'adjudant-general Lanusse, qui met son chapeau au bout de son epee,
elles rentrent dans Dego, et recouvrent leur conquete en faisant
quelques centaines de prisonniers.
Ainsi Bonaparte etait maitre de la vallee de la Bormida: les Autrichiens
fuyaient vers Acqui sur la route de Milan; les Piemontais, apres avoir
perdu les gorges de Millesimo, se retiraient sur Ceva et Mondovi. Il
etait maitre de toutes les routes; il avait neuf mille prisonniers,
et jetait l'epouvante devant lui. Maniant habilement la masse de ses
forces, et la portant tantot a Montenotte, tantot a Millesimo et a Dego,
il avait ecrase partout l'ennemi, en se rendant superieur a lui sur
chaque point. C'etait le moment de prendre une grande determination. Le
plan de Carnot lui enjoignait de negliger les Piemontais, pour courir
sur les Autrichiens. Bonaparte faisait cas de l'armee piemontaise, et ne
voulait pas la laisser sur ses derrieres; il sentait d'ailleurs qu'il
suffisait d'un nouveau coup de son epee pour la detruire; et il trouva
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