s relache, et poursuivait son
projet de desarmement, Stofflet se voyait avec effroi entoure de toutes
parts, et sentait bien que Charette, Sapinaud, detruits, et tous les
chouans soumis, on ne souffrirait pas long-temps l'espece de principaute
qu'il s'etait arrogee dans le Haut-Anjou. Il pensa qu'il ne fallait
pas attendre, pour agir, que tous les royalistes fussent extermines;
alleguant pour pretexte un reglement de Hoche, il leva de nouveau
l'etendard de la revolte, et reprit les armes. Hoche etait en ce moment
sur les bords de la Loire, et il fallait se rendre dans le Calvados pour
juger de ses yeux l'etat de la Normandie et de la Bretagne. Il ajourna
aussitot son depart, et fit ses preparatifs pour enlever Stofflet avant
que sa revolte put acquerir quelque importance. Hoche, du reste, etait
charme que Stofflet lui fournit lui-meme l'occasion de rompre la
pacification. Cette guerre l'embarrassait peu, et lui permettait de
traiter l'Anjou comme le Marais et la Bretagne. Il fit partir ses
colonnes de plusieurs points a la fois, de la Loire, du Layon et de la
Sevre Nantaise. Stofflet, assailli de tous les cotes, ne put tenir nulle
part. Les paysans de l'Anjou etaient encore plus sensibles aux douceurs
de la paix que ceux du Marais; ils n'avaient point repondu a l'appel
de leur ancien chef, et l'avaient laisse commencer la guerre avec les
mauvais sujets du pays et les emigres dont son camp etait rempli. Deux
rassemblemens qu'il avait formes furent disperses, et lui-meme se vit
oblige de courir, comme Charette, a travers les bois. Mais il n'avait ni
l'opiniatrete, ni la dexterite de ce chef, et son pays n'etait pas aussi
heureusement dispose pour cacher une troupe de maraudeurs. Il fut livre
par ses propres affides. Attire dans une ferme, sous pretexte d'une
conference, il fut saisi, garrotte et abandonne aux republicains. On
assure que son fidele ministre, l'abbe Bernier, prit part a cette
trahison. La prise de ce chef etait d'une grande importance par l'effet
moral qu'elle devait produire sur ces contrees. Il fut conduit a Angers,
et apres avoir subi un interrogatoire, il fut fusille le 7 ventose (26
fevrier), en presence d'un peuple immense.
Cette nouvelle causa une joie des plus vives, et fit presager que
bientot la guerre civile finirait dans ces malheureuses contrees. Hoche,
au milieu des soins si penibles de ce genre de guerre, etait abreuve de
degouts de toute espece. Les royalistes l'appelaient naturellement un
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