separerent. On nomma une commission pour faire un rapport sur l'etat du
Midi.
Ces differentes scenes porterent les partis a se prononcer davantage. La
majorite etait grande dans les conseils, et tout acquise au directoire.
La minorite, quoique annulee, devenait chaque jour plus hardie, et
montrait ouvertement son esprit de reaction. C'etait la continuation du
meme esprit qui s'etait manifeste depuis le 9 thermidor, et qui d'abord
avait attaque justement les exces de la terreur, mais qui, de jour en
jour plus severe et plus passionne, finissait par faire le proces a la
revolution tout entiere. Quelques membres des deux tiers conventionnels
votaient avec la minorite, et quelques membres du nouveau tiers avec la
majorite.
Les conventionnels saisirent l'occasion qu'allait leur fournir
l'anniversaire du 21 janvier, pour mettre leurs collegues suspects
de royalisme a une penible epreuve. Ils proposerent une fete, pour
celebrer, tous les 21 janvier, la mort du dernier roi, et ils firent
decider que, ce jour, chaque membre des deux conseils et du directoire
preterait serment de haine a la royaute. Cette formalite du serment, si
souvent employee par les partis, n'a jamais pu etre regardee comme une
garantie; elle n'a jamais ete qu'une vexation des vainqueurs, qui ont
voulu se donner le plaisir de forcer les vaincus au parjure. Le projet
fut adopte par les deux conseils. Les conventionnels attendaient avec
impatience la seance du 1er pluviose an IV (21 janvier), pour voir
defiler a la tribune leurs collegues du nouveau tiers. Chaque conseil
siegea ce jour-la avec un grand appareil. Une fete etait preparee dans
Paris; le directoire et toutes les autorites devaient y assister. Quand
il fallut prononcer le serment, quelques-uns des nouveaux elus parurent
embarrasses. L'ex-constituant Dupont (de Nemours), qui etait membre des
anciens, qui conservait dans un age avance une grande vivacite d'humeur,
et montrait l'opposition la plus hardie au gouvernement actuel, Dupont
(de Nemours) laissa voir quelque depit, et, en prononcant les mots,
_je jure haine a la royaute_, ajouta ceux-ci, _et a toute espece de
tyrannie_. C'etait une maniere de se venger, et de jurer haine au
directoire sous des mots detournes. Une grande rumeur s'eleva, et on
obligea Dupont (de Nemours) a s'en tenir a la formule officielle. Aux
cinq cents, un nomme Andre voulut recourir aux memes expressions que
Dupont (de Nemours); mais on le rappela de meme a la formule.
|