s patriotes contre le
gouvernement. La loi du 3 brumaire, en amnistiant tous les faits
relatifs a la revolution, exceptait cependant les crimes particuliers,
comme vols et assassinats, lesquels etaient toujours passibles de
l'application des lois. Ainsi les poursuites commencees pendant les
derniers temps de la convention contre les auteurs des massacres
de septembre, furent continuees comme poursuites ordinaires contre
l'assassinat. On jugeait en meme temps les conspirateurs de vendemiaire,
et ils etaient presque tous acquittes. L'instruction contre les auteurs
de septembre etait au contraire extremement rigoureuse. Les patriotes
furent revoltes. Le nomme Baboeuf, jacobin forcene, deja enferme en
prairial, et qui se trouvait libre maintenant par l'effet de la loi
d'amnistie, avait commence un journal, a l'imitation de Marat, sous le
titre du _Tribun du Peuple_. On comprend ce que pouvait etre l'imitation
d'un modele pareil. Plus violent que celui de Marat, le journal de
Baboeuf n'etait pas cynique, mais plat. Ce que des circonstances
extraordinaires avaient provoque, etait reduit ici en systeme, et
soutenu avec une sottise et une frenesie encore inconnues. Quand des
idees qui ont preoccupe les esprits touchent a leur fin, elles restent
dans quelques tetes, et s'y changent en manie et en imbecillite. Baboeuf
etait le chef d'une secte de malades qui soutenaient que le massacre
de septembre avait ete incomplet, qu'il faudrait le renouveler en le
rendant general, pour qu'il fut definitif. Ils prechaient publiquement
la loi agraire, ce que les hebertistes eux-memes n'avaient pas ose, et
se servaient d'un nouveau mot, le _bonheur commun_, pour exprimer le
but de leur systeme. L'expression seule caracterisait en eux le dernier
terme de l'absolutisme demagogique. On fremit en lisant les pages de
Baboeuf. Les esprits de bonne foi en eurent pitie; les alarmistes
feignirent de croire a l'approche d'une nouvelle terreur, et il est
vrai de dire que les seances de la societe du Pantheon fournissaient
un pretexte specieux a leurs craintes. C'est dans le vaste local de
Sainte-Genevieve que les jacobins avaient recommence leur club, comme
nous avons dit. Plus nombreux que jamais, ils etaient pres de quatre
mille, vociferant a la fois, bien avant dans la nuit. Insensiblement ils
avaient outrepasse la constitution, et s'etaient donne tout ce qu'elle
defendait, c'est-a-dire un bureau, un president et des brevets; en un
mot, ils avaient rep
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