te precedee d'une longue croisiere devant les
cotes. Tandis que, dans la precedente expedition, le nom de Puisaye
paralysa tous les chefs, celui du prince les aurait, dans celle-ci,
rallies tous, et aurait souleve vingt departemens. Il est vrai que les
debarques auraient eu ensuite de rudes combats a livrer; qu'il leur
aurait fallu courir les chances que Stofflet, Charette, couraient depuis
pres de trois ans, se disperser peut-etre devant l'ennemi, fuir comme
des partisans, se cacher dans les bois, reparaitre, se cacher encore,
s'exposer enfin a etre pris et fusilles. Les trones sont a ce prix. Il
n'y avait rien d'indigne a _chouanner_ dans les bois de la Bretagne ou
dans les marais et les bruyeres de la Vendee. Un prince, sorti de ces
retraites pour remonter sur le trone de ses peres, n'eut pas ete moins
glorieux que Gustave Wasa, sorti des mines de la Dalecarlie. Du reste,
il est probable que la presence du prince eut reveille assez de zele
dans les pays royalistes, pour qu'une armee nombreuse, toujours presente
a ses cotes, lui permit de tenter la grande guerre. Il est probable
aussi que personne autour de lui n'aurait eu assez de genie pour battre
le jeune plebeien qui commandait l'armee republicaine; mais du moins on
se serait fait vaincre. Il y a souvent bien des consolations dans une
defaite; Francois Ier en trouvait de grandes dans celle de Pavie.
Si donc le debarquement etait possible a l'instant ou l'escadre arriva,
il ne l'etait pas apres avoir passe un mois et demi a l'Ile-Dieu. Les
marins anglais declaraient que la mer n'etait bientot plus tenable, et
qu'il fallait prendre un parti; toute la cote du pays de Charette etait
couverte de troupes; il n'y avait quelque possibilite de debarquement
qu'au-dela de la Loire, vers l'embouchure de la Vilaine, ou dans le pays
de Scepeaux, ou bien encore en Bretagne, chez Puisaye. Mais les emigres
et le prince ne voulaient descendre que chez Charette, et n'avaient
confiance qu'en lui. Or, la chose etait impossible sur la cote de
Charette. Le prince, suivant l'assertion de M. de Vauban, demanda au
ministere anglais de le rappeler. Le ministere s'y refusait d'abord, ne
voulant pas que les frais de son expedition fussent inutiles. Cependant
il laissa au prince la liberte de prendre le parti qu'il voudrait.
Des cet instant, tous les preparatifs du depart furent faits. On redigea
de longues et inutiles instructions pour les chefs royalistes. On leur
disait que des ordres sup
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