iere a isoler Stofflet de
Charette, ayant disperse le premier rassemblement forme par ce dernier
chef, et gardant au moyen d'un camp a Soullans toute la cote du Marais,
etait en mesure de s'opposer a un debarquement. L'escadre anglaise,
qui mouillait a l'Ile-Dieu, etait au contraire dans une position fort
triste. L'ile sur laquelle l'expedition avait si maladroitement pris
terre, ne presentait qu'une surface sans abri, sans ressource, et
moindre de trois quarts de lieue. Les bords de l'ile n'offraient aucun
mouillage sur. Les vaisseaux y etaient exposes a toutes les fureurs des
vents, sur un fond de rocs qui coupait les cables, et les mettait chaque
nuit dans le plus grand peril. La cote vis-a-vis, sur laquelle on
se proposait de debarquer, ne presentait qu'une vaste plage, sans
profondeur, ou les vagues brisaient sans cesse, et ou les canots, pris
en travers par les lames, ne pouvaient aborder sans courir le danger
d'echouer. Chaque jour augmentait les perils de l'escadre anglaise et
les moyens de Hoche. Il y avait deja plus d'un mois et demi que le
prince francais etait a l'Ile-Dieu. Tous les envoyes des chouans et des
Vendeens l'entouraient, et, meles a son etat-major, presentaient a la
fois leurs idees, et tachaient de les faire prevaloir. Tous voulaient
posseder le prince, mais tous etaient d'accord qu'il fallait debarquer
au plus tot, n'importe le point qui obtiendrait la preference.
Il faut convenir que, grace a ce sejour d'un mois et demi a l'Ile-Dieu,
en face des cotes, le debarquement etait devenu difficile. Un
debarquement, pas plus que le passage d'un fleuve, ne doit etre precede
de longues hesitations, qui mettent l'ennemi en eveil et lui font
connaitre le point menace. Il aurait fallu que, le parti d'aborder a la
cote une fois pris, et tous les chefs prevenus, la descente s'operat a
l'improviste, sur un point qui permit de rester en communication avec
les escadres anglaises, et sur lequel les Vendeens et les chouans
pussent porter des forces considerables. Certainement, si on etait
descendu a la cote sans la menacer si long-temps, quarante mille
royalistes de la Bretagne et de la Vendee auraient pu etre reunis avant
que Hoche eut le temps de remuer ses regimens. Quand on se souvient de
ce qui se passa a Quiberon, de la facilite avec laquelle s'opera
le debarquement, et du temps qu'il fallut pour reunir les troupes
republicaines, on comprend combien la nouvelle descente eut ete facile
si elle n'avait pas e
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