it beaucoup
indisposes.
Il ne fallait pas a leurs adversaires d'autre sujet de plaintes que
cette irritation meme. La terreur, suivant ceux-ci, etait prete a
renaitre. Ses partisans etaient incorrigibles; le directoire avait
beau faire tout ce qu'ils desiraient, ils n'etaient pas contens, ils
s'agitaient de nouveau, ils avaient rouvert l'ancienne caverne des
jacobins, et ils y preparaient encore tous les crimes.
Tels etaient les travaux du gouvernement, la marche des esprits, et la
situation des partis en frimaire an IV (novembre et decembre 1795).
Les operations militaires, continuees malgre la saison, commencaient
a promettre de meilleurs resultats, et a procurer a la nouvelle
administration quelques dedommagemens pour ses penibles efforts. Le zele
avec lequel Jourdan s'etait porte dans le Hunds-Ruck a travers un pays
epouvantable, et sans aucune des ressources materielles qui auraient pu
adoucir les souffrances de son armee, avait retabli un peu nos affaires
sur le Rhin. Les generaux autrichiens, dont les troupes etaient aussi
fatiguees que les notres, se voyant exposes a une suite de combats
opiniatres, au milieu de l'hiver, proposaient un armistice, pendant
lequel les armees imperiale et francaise conserveraient leurs positions
actuelles. L'armistice fut accepte, a la condition de le denoncer dix
jours avant la reprise des hostilites. La ligne qui separait les deux
armees, suivant le Rhin, depuis Dusseldorf jusqu'au-dessus du Neuwied,
abandonnait le fleuve a cette hauteur, formait un demi-cercle de Bingen
a Manheim, en passant par le pied des Vosges, rejoignait le Rhin
au-dessus de Manheim, et ne le quittait plus jusqu'a Bale. Ainsi nous
avions perdu tout ce demi-cercle sur la rive gauche. C'etait du reste
une perte qu'une simple manoeuvre bien concue pouvait reparer. Le plus
grand mal etait d'avoir perdu pour le moment l'ascendant de la victoire.
Les armees, accablees de fatigues, entrerent en cantonnemens, et on
se mit a faire tous les preparatifs necessaires pour les mettre, au
printemps prochain, en etat d'ouvrir une campagne decisive.
Sur la frontiere d'Italie, la saison n'interdisait pas encore tout a
fait les operations de la guerre. L'armee des Pyrenees orientales avait
ete transportee sur les Alpes. Il avait fallu beaucoup de temps pour
faire le trajet de Perpignan a Nice, et le defaut de vivres et de
souliers avait rendu la marche encore plus lente. Enfin, vers le mois de
novembre, Augereau vint a
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