evite ce qu'elle defendait dans les reunions
de citoyens, c'est-a-dire l'organisation en assemblee politique. Ainsi,
ils n'avaient pas un bureau; ils ne s'etaient pas donne des brevets; les
assistans n'etaient pas distingues en spectateurs et societaires; il
n'existait ni correspondance ni affiliation avec d'autres societes du
meme genre. A part cela, le club avait tous les caracteres de l'ancienne
societe-mere, et ses passions, plus vieilles, n'en etaient que plus
opiniatres.
Les sectionnaires s'etaient compose des societes plus analogues a leurs
gouts et a leurs moeurs. Aujourd'hui, comme sous la convention, ils
comptaient quelques royalistes secrets dans leurs rangs, mais en petit
nombre; la plupart d'entre eux, par crainte ou par bon ton, etaient
ennemis des terroristes et des conventionnels, qu'ils affectaient de
confondre, et qu'ils etaient faches de retrouver presque tous dans le
nouveau gouvernement. Il s'etait forme des societes ou on lisait les
journaux, ou on s'entretenait de sujets politiques avec la politesse et
le ton des salons, et ou la danse et la musique succedaient a la lecture
et aux conversations. L'hiver commencait, et ces messieurs se
livraient au plaisir, comme a un acte d'opposition contre le systeme
revolutionnaire, systeme que personne ne voulait renouveler, car les
Saint-Just, les Robespierre, les Couthon, n'etaient plus la pour nous
ramener par la terreur a des moeurs impossibles.
Les deux partis avaient leurs journaux. Les patriotes avaient _le Tribun
du Peuple, l'Ami du Peuple, l'Eclaireur du Peuple, l'Orateur plebeien,
le Journal des Hommes Libres_; ces journaux etaient tout a fait
jacobins. _La Quotidienne, l'Eclair, le Veridique, le Postillon, le
Messager, la Feuille du Jour_, passaient pour des journaux royalistes.
Les patriotes, dans leur club et leurs journaux, quoique le gouvernement
fut certes bien attache a la revolution, se montraient fort irrites.
C'etait, il est vrai, moins contre lui que contre les evenemens, qu'ils
etaient en courroux. Les revers sur le Rhin, les nouveaux mouvemens de
la Vendee, l'affreuse crise financiere, etaient pour eux un motif de
revenir a leurs idees favorites. Si on etait battu, si les assignats
perdaient, c'est qu'on etait indulgent, c'est qu'on ne savait pas
recourir aux grands moyens revolutionnaires. Le nouveau systeme
financier surtout, qui decelait le desir d'abolir les assignats, et
qui laissait entrevoir leur prochaine suppression, les ava
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