vec une superbe division, qui s'etait illustree
deja dans les plaines de la Catalogne. Kellermann, comme on l'a vu,
avait ete oblige de replier son aile droite et de renoncer a la
communication immediate avec Genes. Il avait sa gauche sur les grandes
Alpes, et son centre au col de Tende. Sa droite etait placee derriere la
ligne dite de Borghetto, l'une des trois que Bonaparte avait reconnues
et tracees l'annee precedente pour le cas d'une retraite. Dewins, tout
fier de son faible succes, se reposait dans la riviere de Genes, et
faisait grand etalage de ses projets, sans en executer aucun. Le brave
Kellermann attendait avec impatience les renforts d'Espagne, pour
reprendre l'offensive et recouvrer sa communication avec Genes. Il
voulait terminer la campagne par une action eclatante, qui rendit
la riviere aux Francais, leur ouvrit les portes de l'Apennin et
de l'Italie, et detachat le roi de Piemont de la coalition. Notre
ambassadeur en Suisse, Barthelemy, ne cessait de repeter qu'une victoire
vers les Alpes maritimes nous vaudrait sur-le-champ la paix avec
le Piemont, et la concession definitive de la ligne des Alpes. Le
gouvernement francais, d'accord avec Kellermann sur la necessite
d'attaquer, ne le fut pas sur le plan a suivre, et lui donna pour
successeur Scherer, que ses succes a la bataille de l'Ourthe et en
Catalogne avaient deja fait connaitre avantageusement. Scherer arriva
dans le milieu de brumaire, et resolut de tenter une action decisive.
On sait que la chaine des Alpes, devenue l'Apennin, serre la
Mediterranee de tres-pres, d'Albenga a Genes, et ne laisse entre la mer
et la crete des montagnes que des pentes etroites et rapides, qui ont a
peine trois lieues d'etendue. Du cote oppose, au contraire, c'est-a-dire
vers les plaines du Po, les pentes s'abaissent doucement, sur un espace
de vingt lieues. L'armee francaise, placee sur les pentes maritimes,
etait campee entre les montagnes et la mer. L'armee piemontaise, sous
Colli, etablie au camp retranche de Ceva, sur le revers des Alpes,
gardait les portes du Piemont contre la gauche de l'armee francaise.
L'armee autrichienne, partie sur la crete de l'Apennin, a
Rocca-Barbenne, partie sur le versant maritime dans le bassin de Loano,
communiquait ainsi avec Colli par sa droite, occupait par son centre
le sommet des montagnes, et interceptait le littoral par sa gauche, de
maniere a couper nos communications avec Genes. Une pensee s'offrait a
la vue d'un pareil e
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