election a l'autre.
L'opposition ne manqua pas de s'elever contre cet avis. Dumolard,
dans le conseil des cinq-cents, Portalis, Dupont (de Nemours),
Troncon-Ducoudray, dans le conseil des anciens, soutinrent que c'etait
donner une prerogative royale au directoire. Cette minorite, qui
secretement penchait plutot pour la monarchie que pour la republique,
changea ici de role avec la majorite republicaine, et soutint avec la
derniere exageration les idees democratiques. Du reste, la discussion
vive et solennelle ne fut troublee par aucun emportement. Le directoire
eut les nominations, a la seule condition de faire ses choix parmi
les hommes qui avaient deja ete honores des suffrages du peuple. Les
principes conduisaient a cette solution; mais la politique devait la
conseiller encore davantage. On evitait pour le moment de nouvelles
elections, et on donnait a l'administration tout entiere, aux tribunaux
et au gouvernement, une plus grande homogeneite.
Le directoire avait donc les moyens de se procurer des fonds, de
recruter l'armee, d'achever l'organisation de l'administration et de la
justice. Il avait la majorite dans les deux conseils. Une opposition
mesuree s'elevait, il est vrai, dans les cinq-cents et aux anciens;
quelques voix du nouveau tiers lui disputaient ses attributions, mais
cette opposition etait decente et calme. Il semblait qu'elle respectat
sa situation extraordinaire, et ses travaux courageux. Sans doute elle
respectait aussi, dans ce gouvernement elu par les conventionnels et
appuye par eux, la revolution toute puissante encore et profondement
courroucee. Les cinq directeurs s'etaient partage la tache generale.
Barras avait le personnel, et Carnot le mouvement des armees;
Rewbell, les relations etrangeres; Letourneur et Larevelliere-Lepaux,
l'administration interieure. Ils n'en deliberaient pas moins en commun
sur toutes les mesures importantes. Ils avaient eu long-temps le
mobilier le plus miserable; mais enfin ils avaient tire du Garde-Meuble
les objets necessaires a l'ornement du Luxembourg, et ils commencaient
a representer dignement la republique francaise. Leurs antichambres
etaient remplies de solliciteurs, entre lesquels il n'etait pas toujours
aise de choisir. Le directoire, fidele a son origine et a sa nature,
choisissait toujours les hommes les plus prononces. Eclaire par la
revolte du 13 vendemiaire, il s'etait pourvu d'une force considerable et
imposante pour garantir Paris et le siege du g
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