in qu'ils ne figuraient pas
pour davantage dans la circulation, et que ceux qui les possedaient ne
pouvaient les faire accepter pour une valeur superieure. On aurait pu
tout a coup revenir a la realite, ne prendre les assignats que pour ce
qu'ils valaient veritablement, ne les admettre qu'au cours, soit dans
les transactions entre particuliers, soit dans l'acquittement des
impots, soit dans le paiement des biens nationaux. Sur-le-champ alors,
cette grande et effrayante masse de papier, cette dette enorme aurait
disparu. Il restait a peu pres sept milliards ecus de biens nationaux,
en y comprenant ceux de la Belgique et les forets nationales; on avait
donc d'immenses ressources pour retirer ces 20 milliards, reduits a 200
millions, et pour faire face a de nouvelles depenses. Mais cette grande
et hardie determination etait difficile a prendre; elle etait repoussee
a la fois par les esprits scrupuleux, qui la consideraient comme une
banqueroute, et par les patriotes, qui disaient qu'on voulait ruiner les
assignats.
Les uns et les autres se montraient peu eclaires. Cette banqueroute,
si c'en etait une, etait inevitable, et s'accomplit plus tard. Il
s'agissait seulement d'abreger le mal, c'est-a-dire la confusion, et de
retablir l'ordre dans les valeurs, seule justice que doive l'etat a tout
le monde. Sans doute, au premier aspect, c'etait une banqueroute que de
prendre aujourd'hui pour 1 franc, un assignat qui, en 1790, avait ete
emis pour 100 francs, et qui contenait alors la promesse de 100 francs
en terre. D'apres ce principe, il aurait donc fallu prendre les 20
milliards de papier pour 20 milliards ecus, et les payer integralement;
mais les biens nationaux auraient a peine paye le tiers de cette somme.
Dans le cas meme ou l'on aurait pu payer la somme integralement, il faut
se demander combien l'etat avait recu en emettant ces 20 milliards? 4 ou
5 milliards peut-etre. On ne les avait pas pris pour davantage en les
recevant de ses mains, et il avait deja rembourse par les ventes une
valeur egale en biens nationaux. Il y aurait donc eu la plus cruelle
injustice a l'egard de l'etat, c'est-a-dire de tous les contribuables, a
considerer les assignats d'apres leur valeur primitive. Il fallait donc
consentir a ne les prendre que pour une valeur reduite: on avait meme
commence a le faire, en adoptant l'echelle de proportion.
Sans doute, s'il y avait encore des individus portant les premiers
assignats emis, et les ayant garde
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