t, et l'armee du Rhin une, pour deboucher quand
il leur conviendrait au-dela du Rhin; que notre situation etait donc
la meme que celle des Autrichiens, puisque, s'ils etaient maitres
par Mayence d'agir sur les deux rives, nous l'etions nous aussi par
Dusseldorf, Neuwied et Manheim. Le raisonnement etait juste; mais il
s'agissait de savoir si les Autrichiens, poursuivant leurs succes, ne
nous enleveraient pas bientot Neuwied et Manheim, et ne s'etabliraient
pas sur la rive gauche, entre les Vosges et la Moselle. Quant a la
Vendee, le gouvernement fit part des dispositions vigoureuses de
Hoche, qui etaient rassurantes pour les esprits de bonne foi, mais qui
n'empechaient pas les patriotes exaltes de concevoir des craintes, et
les contre-revolutionnaires d'en repandre.
Au milieu de ces dangers, le directoire redoublait d'efforts pour
reorganiser le gouvernement, l'administration, et surtout les finances.
Trois milliards d'assignats lui avaient ete accordes, comme on a vu,
et avaient produit tout au plus vingt et quelques millions en ecus.
L'emprunt volontaire ouvert a trois pour cent, dans les derniers jours
de la convention, venait d'etre suspendu; car pour un capital en papier,
l'etat promettait une rente reelle, et faisait un marche ruineux. La
taxe extraordinaire de guerre proposee par la commission des cinq
n'avait pas encore ete mise a execution, et excitait des plaintes
comme un dernier acte revolutionnaire de la convention a l'egard des
contribuables. Tous les services allaient manquer. Les particuliers,
rembourses d'apres l'echelle de proportion, elevaient des reclamations
si ameres, qu'on avait ete oblige de suspendre les remboursemens. Les
maitres de poste, payes en assignats, annoncaient qu'ils allaient se
retirer; car les secours insuffisans du gouvernement ne couvraient
plus leurs pertes. Le service des postes allait manquer sous peu,
c'est-a-dire que toutes les communications, meme ecrites, allaient
cesser dans toutes les parties du territoire. Le plan des finances
annonce sous quelques jours devait donc etre donne sur-le-champ. C'etait
la le premier besoin de l'etat et le premier devoir du directoire. Il
fut enfin communique a la commission des finances.
La masse des assignats circulans pouvait etre evaluee a environ 20
milliards. Meme en supposant les assignats encore au centieme de leur
valeur, et non pas au cent cinquantieme, ils ne formaient pas une valeur
reelle de plus de 200 millions: il est certa
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