mbaceres fut encore ajoute a la liste,
qui ne renferma que huit inconnus. Les anciens cependant n'hesiterent
pas a preferer Carnot; il obtint cent dix-sept voix sur deux cent
treize, et devint l'un des cinq directeurs.
Ainsi Barras, Rewbell, Larevelliere-Lepaux, Letourneur et Carnot, furent
les cinq magistrats charges du gouvernement de la republique. Parmi ces
cinq individus, il ne se trouva aucun homme de genie, ni meme aucun
homme d'une renommee imposante, excepte Carnot. Mais comment faire a la
fin d'une revolution sanglante, qui, en quelques annees, avait devore
plusieurs generations d'hommes de genie en tout genre? Il n'y avait plus
dans les assemblees aucun orateur extraordinaire; dans la diplomatie,
il n'y avait encore aucun negociateur celebre. Barthelemy seul, par
les traites avec la Prusse et l'Espagne, s'etait attire une espece de
consideration, mais il n'inspirait aucune confiance aux patriotes. Dans
les armees, il se formait deja de grands generaux, et il s'en preparait
de plus grands encore; mais il n'y avait maintenant aucune superiorite
decidee, et on se defiait d'ailleurs des militaires. Il n'existait donc,
comme nous venons de le dire, que deux grandes renommees, Sieyes et
Carnot. Dans l'impossibilite d'avoir l'une, on avait acquis l'autre.
Barras avait de l'action; Rewbell, Letourneur, etaient des travailleurs;
Larevelliere-Lepaux etait un homme sage et probe. Il eut ete difficile,
dans le moment, de composer autrement la magistrature supreme.
La situation dans laquelle ces cinq magistrats arrivaient au pouvoir
etait deplorable; et il fallait aux uns beaucoup de courage et de vertu,
aux autres beaucoup d'ambition, pour accepter une semblable tache. On
etait au lendemain d'un combat dans lequel il avait fallu appeler une
faction pour en combattre une autre. Les patriotes qui venaient de
verser leur sang se montraient exigeans; les sectionnaires n'avaient
point cesse d'etre hardis. La journee du 13 vendemiaire, en un mot,
n'avait pas ete une de ces victoires suivies de terreur, qui, tout
en soumettant le gouvernement au joug de la faction victorieuse, le
delivrent au moins de la faction vaincue. Les patriotes s'etaient
releves, les sectionnaires ne s'etaient pas soumis. Paris etait rempli
des intrigans de tous les partis, agite par toutes les ambitions, et
livre a une affreuse misere.
Aujourd'hui, comme en prairial, les subsistances manquaient dans toutes
les grandes communes; le papier-monnaie ap
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