urans. Sur-le-champ on se mit a travailler a
un plan de finances, et le directoire annonca aux deux conseils qu'il
le leur soumettrait sous quelques jours. En attendant il fallait faire
vivre Paris, qui manquait de tout. Il n'y avait plus de systeme organise
de requisition; le directoire demanda la faculte d'exiger, par voie
de sommation, dans les departemens voisins de celui de la Seine, la
quantite de deux cent cinquante mille quintaux de ble, a compte sur
l'impot foncier payable en nature. Le directoire songea ensuite a
demander une foule de lois pour la repression des desordres de toute
espece, et particulierement de la desertion, qui diminuait chaque jour
la force des armees. En meme temps il se mit a choisir les individus
qui devaient composer l'administration. Merlin (de Douai) fut appele
au ministere de la justice; on fit venir Aubert-Dubayet de l'armee des
cotes de Cherbourg pour lui donner le portefeuille de la guerre; Charles
Lacroix fut place aux affaires etrangeres; Faypoult aux finances;
Benezech, administrateur eclaire, a l'interieur. Le directoire s'etudia
ensuite a trouver, dans la multitude de solliciteurs qui l'assiegeaient,
les hommes les plus capables de remplir les fonctions publiques. Il
n'etait pas possible que dans cette precipitation il ne fit de tres
mauvais choix. Il employa surtout beaucoup de patriotes, trop signales
pour etre impartiaux et sages. Le 13 vendemiaire les avait rendus
necessaires, et avait fait oublier la crainte qu'ils inspiraient. Le
gouvernement entier, directeurs, ministres, agens de toute espece, fut
donc forme en haine du 13 vendemiaire, et du parti qui avait provoque
cette journee. Les deputes conventionnels eux-memes ne furent pas encore
rappeles de leurs missions; et pour cela le directoire n'eut qu'a ne pas
leur notifier son installation; il voulait ainsi leur donner le temps
d'achever leur ouvrage. Freron, envoye dans le Midi pour y reprimer
les fureurs contre-revolutionnaires, put continuer sa tournee dans ces
contrees malheureuses. Les cinq directeurs travaillaient sans relache,
et deployaient dans ces premiers momens le meme zele qu'on avait vu
deployer aux membres du grand comite de salut public, dans les jours a
jamais memorables de septembre et octobre 1793.
Malheureusement, les difficultes de cette tache etaient aggravees par
des defaites. La retraite a laquelle l'armee de Sambre-et-Meuse avait
ete obligee donnait lieu aux bruits les plus alarmans. Par le plu
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