peine Jourdan s'etait-il retire sur le Bas-Rhin, par
Dusseldorf et Neuwied, que Clerfayt, laissant un detachement pour
l'observer, se rendit a Mayence, et y concentra ses forces, pour
deboucher subitement sur le corps de blocus. Ce corps, sous les ordres
du general Schaal, s'etendait en demi-cercle autour de Mayence, et
formait une ligne de pres de quatre lieues. Quoiqu'on eut mis beaucoup
de soin a la fortifier, son etendue ne permettait pas de la fermer
exactement. Clerfayt, qui l'avait bien observee, avait decouvert
plus d'un point facilement accessible. L'extremite de cette ligne
demi-circulaire, qui devait s'appuyer sur le cours superieur du Rhin,
laissait entre les derniers retranchemens et le fleuve une vaste
prairie. C'est sur ce point que Clerfayt resolut de porter son principal
effort. Le 7 brumaire (29 octobre), il deboucha par Mayence avec des
forces imposantes, mais point assez considerables cependant pour rendre
l'operation decisive. Les militaires lui ont reproche, en effet, d'avoir
laisse sur la rive droite un corps qui, employe a agir sur la rive
gauche, aurait inevitablement amene la ruine d'une partie de l'armee
francaise. Clerfayt dirigea, le long de la prairie qui remplissait
l'intervalle entre le Rhin et la ligne de blocus, une colonne qui
s'avanca l'arme au bras. En meme temps, une flottille de chaloupes
canonnieres remontait le fleuve pour seconder le mouvement de cette
colonne. Il fit marcher le reste de son armee sur le front des lignes,
et ordonna une attaque prompte et vigoureuse. La division francaise
placee a l'extremite du demi-cercle, se voyant a la fois attaquee de
front, tournee par un corps qui filait le long du fleuve, et canonnee
par une flottille dont les boulets arrivaient sur ses derrieres, prit
l'epouvante et s'enfuit en desordre. La division de Saint-Cyr, qui etait
placee immediatement apres celle-ci, se trouva decouverte alors, et
menacee d'etre debordee. Heureusement l'aplomb et le coup d'oeil de son
general la tirerent de peril. Il fit un changement de front en arriere,
et executa sa retraite en bon ordre, en avertissant les autres divisions
d'en faire autant. Des cet instant, tout le demi-cercle fut abandonne;
la division Saint-Cyr fit son mouvement de retraite sur l'armee du
Haut-Rhin; les divisions Mengaud et Renaud, qui occupaient l'autre
partie de la ligne, se trouvant separees, se replierent sur l'armee de
Sambre-et-Meuse, dont, par bonheur, une colonne, commandee par Mar
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