e grands logements propres a
recevoir tous voyageurs, soit a pied, soit a cheval, soit meme en
carrosse, et a fournir non seulement logis et table, mais encore
promenade et solitude aux plus riches courtisans, lorsque, apres
un echec a la cour, ils desiraient se renfermer avec eux memes
pour devorer l'affront ou mediter la vengeance.
Des fenetres de ce corps de batiment en retour, les voyageurs
apercevaient la rue d'abord, avec son herbe croissant entre les
paves, qu'elle disjoignait peu a peu. Ensuite les belles haies de
sureau et d'aubepine qui enfermaient, comme entre deux bras verts
et fleuris, ces maisons bourgeoises dont nous avons parle. Puis,
dans les intervalles de ces maisons, formant fond de tableau et se
dessinant comme un horizon infranchissable, une ligne de bois
touffus, plantureux, premieres sentinelles de la vaste foret qui
se deroule en avant de Fontainebleau.
On pouvait donc, pour peu qu'on eut un appartement faisant angle
par la grande rue de Paris, participer a la vue et au bruit des
passants et des fetes, et, par la rue de Lyon, a la vue et au
calme de la campagne.
Sans compter qu'en cas d'urgence, au moment ou l'on frappait a la
grande porte de la rue de Paris, on pouvait s'esquiver par la
petite porte de la rue de Lyon, et, longeant les jardins des
maisons bourgeoises, gagner les premiers taillis de la foret.
Malicorne, qui, le premier, on se le rappelle, nous a parle de
cette auberge du Beau-Paon, pour en deplorer son expulsion,
Malicorne, preoccupe de ses propres affaires, etait bien loin
d'avoir dit a Montalais tout ce qu'il y avait a dire sur cette
curieuse auberge.
Nous allons essayer de remplir cette facheuse lacune laissee par
Malicorne.
Malicorne avait oublie de dire, par exemple, de quelle facon il
etait entre dans l'auberge du Beau-Paon.
En outre, a part le franciscain dont il avait dit un mot, il
n'avait donne aucun renseignement sur les voyageurs qui habitaient
cette auberge.
La facon dont ils etaient entres, la facon dont ils vivaient, la
difficulte qu'il y avait pour toute autre personne que les
voyageurs privilegies d'entrer dans l'hotel sans mot d'ordre, et
d'y sejourner sans certaines precautions preparatoires, avaient
cependant du frapper, et avaient meme, nous oserions en repondre,
frappe certainement Malicorne.
Mais, comme nous l'avons dit, Malicorne avait des preoccupations
personnelles qui l'empechaient de remarquer bien des choses.
En effet, tous l
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