secret de Mlle de La Valliere, celui de
Mlle de Tonnay-Charente; vous venez d'avoir la bonte de me confier
le votre, merci: j'en garderai aussi bien trois qu'un seul.
Malicorne et Montalais se regarderent comme deux ecoliers pris en
maraude; mais, comme au bout du compte Malicorne voyait un grand
avantage dans la proposition qui lui etait faite, il fit a
Montalais un signe de resignation que celle-ci lui rendit.
Puis Malicorne descendit l'echelle echelon par echelon,
reflechissant a chaque degre au moyen d'arracher bribe par bribe a
M. de Saint-Aignan tout ce qu'il pourrait savoir sur le fameux
secret.
Montalais etait deja partie legere comme une biche, et ni
carrefour ni labyrinthe n'eurent le pouvoir de la tromper.
Quant a de Saint-Aignan, il ramena en effet Malicorne chez lui, en
lui faisant mille politesses, enchante qu'il etait de tenir sous
sa main les deux hommes qui, en supposant que de Guiche restat
muet, pouvaient le mieux renseigner sur le compte des filles
d'honneur.
Chapitre CXXV -- Ce qui s'etait passe en realite a l'auberge du
Beau-Paon
D'abord, donnons a nos lecteurs quelques details sur l'auberge du
Beau-Paon; puis nous passerons au signalement des voyageurs qui
l'habitaient.
L'auberge du Beau-Paon, comme toute auberge, devait son nom a son
enseigne. Cette enseigne representait un paon qui faisait la roue.
Seulement, a l'instar de quelques peintres qui ont donne la figure
d'un joli garcon au serpent qui tente Eve, le peintre de
l'enseigne avait donne au beau paon une figure de femme.
Cette auberge, epigramme vivante contre cette moitie du genre
humain qui fait le charme de la vie, dit M. Legouve, s'elevait a
Fontainebleau dans la premiere rue laterale de gauche, laquelle
coupait, en venant de Paris, cette grande artere qui forme a elle
seule la ville tout entiere de Fontainebleau.
La rue laterale s'appelait alors la rue de Lyon, sans doute parce
que, geographiquement, elle s'avancait dans la direction de la
seconde capitale du royaume. Cette rue se composait de deux
maisons habitees par des bourgeois, maisons separees l'une de
l'autre par deux grands jardins bordes de haies. En apparence, il
semblait y avoir cependant trois maisons dans la rue; expliquons
comment, malgre ce semblant, il n'y en avait que deux.
L'auberge du Beau-Paon avait sa facade principale sur la grande
rue; mais, en retour, sur la rue de Lyon, deux corps de batiments,
divises par des cours, renfermaient d
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