n nom? demanda la princesse avec anxiete, si toutefois,
ajouta-t-elle en se reprenant vivement, son nom n'est pas un
secret?
-- Non, madame; mon amour est assez pur pour que je n'en fasse de
secret a personne, et a plus forte raison a Votre Altesse, si
parfaitement bonne pour moi. C'est Mlle Louise de La Valliere.
Madame ne put retenir un cri, dans lequel il y avait plus que de
l'etonnement.
-- Ah! dit-elle, La Valliere... celle qui hier...
Elle s'arreta.
-- Celle qui, hier, s'est trouvee indisposee, je crois, continua-
t-elle.
-- Oui, madame, j'ai appris l'accident qui lui etait arrive ce
matin seulement.
-- Et vous l'avez vue avant que de venir ici?
-- J'ai eu l'honneur de lui faire mes adieux.
-- Et vous dites, reprit Madame en faisant un effort sur elle-
meme, que le roi a... ajourne votre mariage avec cette enfant?
-- Oui, madame, ajourne.
-- Et a-t-il donne quelque raison a cet ajournement?
-- Aucune.
-- Il y a longtemps que le comte de La Fere lui a fait cette
demande?
-- Il y a plus d'un mois, madame.
-- C'est etrange, fit la princesse.
Et quelque chose comme un nuage passa sur ses yeux.
-- Un mois? repeta-t-elle.
-- A peu pres.
-- Vous avez raison, monsieur le vicomte, dit la princesse avec un
sourire dans lequel Bragelonne eut pu remarquer quelque
contrainte, il ne faut pas que mon frere vous garde trop longtemps
la-bas; partez donc vite, et, dans la premiere lettre que
j'ecrirai en Angleterre, je vous reclamerai au nom du roi.
Et Madame se leva pour remettre sa lettre aux mains de Bragelonne.
Raoul comprit que son audience etait finie; il prit la lettre,
s'inclina devant la princesse et sortit.
-- Un mois! murmura la princesse; aurais-je donc ete aveugle a ce
point, et l'aimerait-il depuis un mois?
Et, comme Madame n'avait rien a faire, elle se mit a commencer
pour son frere la lettre dont le post-scriptum devait rappeler
Bragelonne.
Le comte de Guiche avait, comme nous l'avons vu, cede aux
insistances de Manicamp, et s'etait laisse entrainer par lui
jusqu'aux ecuries; ou ils firent seller leurs chevaux; apres quoi,
par la petite allee dont nous avons deja donne la description a
nos lecteurs, ils s'avancerent au-devant de Monsieur, qui, sortant
du bain, s'en revenait tout frais vers le chateau, ayant sur le
visage un voile de femme, afin que le soleil, deja chaud, ne halat
pas son teint.
Monsieur etait dans un de ces acces de belle humeur qui lui
in
|