s du royaume.
-- Mon cher comte, vous vous trompez etrangement, et je ne vous ai
pas nomme les premiers noms du royaume. Je vous ai repondu a
propos d'un mari jaloux que vous ne me nommiez pas, mais qui
necessairement a une femme; je vous ai repondu: Pour voir Madame,
rapprochez-vous de Monsieur.
-- Mauvais plaisant, dit en souriant le comte, est-ce cela que tu
as dit?
-- Pas autre chose.
-- Bien! alors.
-- Maintenant, ajouta Manicamp, voulez-vous qu'il s'agisse de
Mme la duchesse... et de M. le duc... soit, je vous dirai:
"Rapprochons-nous de cette maison quelle qu'elle soit; car c'est
une tactique qui, dans aucun cas, ne peut etre defavorable a votre
amour."
-- Ah! Manicamp, un pretexte, un bon pretexte, trouve-le-moi?
-- Un pretexte, pardieu! cent pretextes, mille pretextes. Si
Malicorne etait la, c'est lui qui vous aurait deja trouve
cinquante mille pretextes excellents!
-- Qu'est-ce que Malicorne? dit de Guiche en clignant des yeux
comme un homme qui cherche. Il me semble que je connais ce nom-
la...
-- Si vous le connaissez! je crois bien; vous devez trente mille
ecus a son pere.
-- Ah! oui; c'est ce digne garcon d'Orleans...
-- A qui vous avez promis un office chez Monsieur; pas le mari
jaloux, l'autre.
-- Eh bien! puisqu'il a tant d'esprit, ton ami Malicorne, qu'il me
trouve donc un moyen d'etre adore de Monsieur, qu'il me trouve un
pretexte pour faire ma paix avec lui.
-- Soit, je lui en parlerai.
-- Mais qui nous arrive la?
-- C'est le vicomte de Bragelonne.
-- Raoul! Oui, en effet.
Et de Guiche marcha rapidement au-devant du jeune homme.
-- C'est vous, mon cher Raoul? dit de Guiche.
-- Oui, je vous cherchais pour vous faire mes adieux, cher ami!
repliqua Raoul en serrant la main du comte. Bonjour, monsieur
Manicamp.
-- Comment! tu pars, vicomte?
-- Oui, je pars... Mission du roi.
-- Ou vas-tu?
-- Je vais a Londres. De ce pas, je vais chez Madame; elle doit me
remettre une lettre pour Sa Majeste le roi Charles II.
-- Tu la trouveras seule, car Monsieur est sorti.
-- Pour aller?...
-- Pour aller au bain.
-- Alors, cher ami, toi qui es des gentilshommes de Monsieur,
charge-toi de lui faire mes excuses. Je l'eusse attendu pour
prendre ses ordres, si le desir de mon prompt depart ne m'avait
ete manifeste par M. Fouquet, et de la part de Sa Majeste.
Manicamp poussa de Guiche du coude.
-- Voila le pretexte, dit-il.
-- Lequel?
-- Les excus
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