pretend du sien tirer d'autres usages;
Il est savant, exact, il voit clair aux ouvrages;]
Bayle aussi. Je fais cas de l'une et l'autre main: Tous deux ont un bon
style et le langage sain. Le jugement en gros sur ces deux personnages,
Et ce fut de moi qu'il partit,
C'est que l'un cherche a plaire aux sages,
L'autre veut plaire aux gens d'esprit.
Il leur plait. Vous aurez peut-etre peine a croire Qu'on ait dans un
repas de tels discours tenus:
On tint ces discours; on fit plus,
On fut au sermon apres boire...
Et cet autre jugement aussi, de Voltaire, n'est pas indifferent a
rappeler; Voltaire a tres-bien parle de Bayle en maint endroit, mais
jamais mieux qu'a la fin d'une lettre au Pere Tournemine (1735): "M.
Newton, dit-il, a ete aussi vertueux qu'il a ete grand philosophe:
tels sont pour la plupart ceux qui sont bien penetres de l'amour des
sciences, qui n'en font point un indigne metier, et qui ne les font
point servir aux miserables fureurs de l'esprit de parti. Tel a ete le
docteur Clarke; tel etait le fameux archeveque Tillotson; tel etait
le grand Galilee; tel notre Descartes; tel a ete Bayle, cet esprit si
etendu, si sage et si penetrant, dont les livres, tout diffus qu'ils
peuvent etre, seront a jamais la bibliotheque des nations. Ses moeurs
n'etaient pas moins respectables que son genie. Le desinteressement et
l'amour de la paix comme de la verite etaient son caractere; _c'etait
une ame divine._"
LA BRUYERE
Vers 1687, annee ou parut le livre des _Caracteres_, le siecle de Louis
XIV arrivait a ce qu'on peut appeler sa troisieme periode; les grandes
oeuvres qui avaient illustre son debut et sa plus brillante moitie
etaient accomplies; les grands auteurs vivaient encore la plupart, mais
se reposaient. On peut distinguer, en effet, comme trois parts dans
cette litterature glorieuse. La premiere, a laquelle Louis XIV ne fit
que donner son nom et que preter plus ou moins sa faveur, lui vint toute
formee de l'epoque precedente; j'y range les poetes et les ecrivains nes
de 1620 a 1626, ou meme avant 1620, La Rochefoucauld, Pascal, Moliere,
La Fontaine, madame de Sevigne. La maturite de ces ecrivains repond
ou au commencement ou aux plus belles annees du regne auquel on les
rapporte, mais elle se produisait en vertu d'une force et d'une
nourriture anterieures. Une seconde generation tres-distincte et propre
au regne meme de Louis XIV, est celle en tete de laquelle on voit
Boileau et Raci
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