eaux_, couronnee par l'Academie de Lyon,
et sa piece des _Plaisirs du Poete_. Il publia ces essais de 1801 a
1804[156], et ne vecut plus que de la vie litteraire, et aussi de la vie
du monde, tout entier au moment et au Caprice.
[Note 156: Dans _la Decade_ de l'an XII (4e trimestre, page 561, n deg.
du 30 fructidor), on lit sur _les Plaisirs du Poete et autres
premiers opuscules de Millevoye un article de M. Auger, judicieux et
bienveillant, quoique sec; la mesure du jeune poete y est bien prise.]
Parmi les nombreux essais que Millevoye a faits en presque tous les
genres de poesie, il en est beaucoup que nous n'examinerons pas; ce sera
assez les juger. On y trouverait de la facilite toujours, mais trop
d'indecision et de paleur. Talent naturel et vrai, mais trop docile, il
ne s'est pas assez connu lui-meme, et a sans cesse accorde aux conseils
une grande part dans ses choix. Ayant commence tres-jeune a produire et
a publier, dans un temps ou le peu de concurrence des talents et un gout
vif des Lettres renaissantes mettaient l'encouragement a la mode, il
a subi l'inconvenient d'achever et de _doubler_, en quelque sorte, sa
rhetorique, en public, dans les concours d'academie. Il y a nombre de
ces prix ou de ces _accessits_ sur lesquels la critique de nos jours,
qui n'a plus le sentiment de ces fautes et de ces demi-fautes, est tout
a fait incompetente a prononcer. On a pu trouver ingenieux, dans le
temps, cet endroit de son poeme d'_Austerlitz_, ou il parle noblement de
la baionnette en vers:
La, menacant de loin, le bronze eclate et tonne;
Ici frappe de pres le poignard de Bayonne.
Tel passage du _Voyageur_, cite par M. Dumas, a pu exciter
l'enthousiasme de Victorin Fabre, genereux emule, qui y voyait l'un des
beaux morceaux de la langue. Il nous est impossible a nous autres, nes
d'autre part et nourris, si l'on veut, d'autres defauts, d'avoir pour
ces endroits, je ne dirai pas un pareil enthousiasme, mais meme la
moindre preference. La faible couleur est si passee, que le discernement
n'y prend plus. Les _Discours en vers_ de Millevoye, ses _Dialogues_
rimes d'apres Lucien, ses tragedies, ses traductions de l'_Iliade_ ou
des _Eglogues_ selon la maniere de l'abbe Delille, nous semblent, chez
lui, des themes plus ou moins etrangers, que la circonstance academique
ou le gout du temps lui imposa, et dont il s'occupait sans ennui, se
laissant dire peut-etre que la gloire serieuse etait de ce cote. Nous
nous en ti
|