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pas de le deviner et de le suivre a travers ces enthousiastes chaleurs
de la premiere et de la seconde Restauration. Les Cent-Jours le
rejeterent a douze annees en arriere, aux fougues politiques du
Consulat: le 18 mars, il ecrivit dans le _Journal des Debats_ une autre
_Napoleone_, une philippique a l'envi de celle que Benjamin Constant y
lancait vers le meme moment. Il resista mieux a l'epreuve du lendemain.
Non pas tout a fait Napoleon, il est vrai, mais Fouche le fit venir, et
lui demanda ce qu'il voulait.--"Eh bien! donnez-moi cinq cents francs...
pour aller a Gand." Il est l'auteur de la piece intitulee _Bonaparte au
4 mai_, qui parut dans _le Nain jaune_ et dans _le Moniteur de Gand_;
il est l'auteur du vote attribue a divers royalistes, et qui circula au
_Champ-de-Mai_: "Puisqu'on veut absolument pour la France un souverain
qui monte a cheval, je vote pour Franconi." Au reste, il se deroba de
Paris durant la plus grande partie des Cent-Jours, et les passa a la
campagne dans un chateau ami.
Les annees qui suivent, et ou se rassemble avec redoublement son reste
de jeunesse, suffisent a peine, ce semble, a tant d'emplois divers d'une
verve continuelle et en tous sens exhalee: journaliste, romancier,
bibliophile toujours, dramaturge quelque peu et tres-assidu au theatre,
temoin aux cartels, tout aux amis dans tous les camps, improvisateur des
le matin comme le neveu de Rameau. Avec cela des retours par acces vers
les champs, des reprises de tendresse pour l'histoire naturelle et
l'entomologie: un jour, ou plutot une nuit, qu'il errait au bois de
Boulogne pour sa docte recherche, une lanterne a la main, il se vit
arrete comme malfaiteur.
Il demeura jusqu'en 1820 dans la redaction des _Debats_, et ne passa
qu'alors a celle de la _Quotidienne_, sans prejudice des journaux de
rencontre. Il publia _Jean Sbogar_ en 1818, _Therese Aubert_ en 1819,
_Adele_ en 1820, _Smarra_ en 1821, _Trilby_ en 1822: je ne touche qu'aux
productions bien visibles. Chacun de ces rapides ecrits etait comme
un echo francais, et bien a nous, qui repondait aux enthousiasmes
qui commencaient a nous venir de Walter Scott et de Byron. La valeur
definitive de chaque ouvrage se peut plus ou moins discuter; mais leur
ensemble, leur multiplicite denoncait un talent bien fertile, une
incontestable richesse, et il reste a citer de tous de ravissantes pages
d'ecrivain. A dater de 1820, la position litteraire de Nodier prit
manifestement de la
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