t l'education de famille; son pere etait
negociant; un oncle, frere de son pere, qui logeait sous le meme toit,
donna a l'enfant les premieres notions de latin, et on l'envoya bientot
suivre les classes au college. Il en profita jusqu'en 94, ou ce college
fut supprime. Deux de ses maitres, qui s'etaient fort attaches a lui,
bons humanistes et hellenistes, lui continuerent leurs soins. L'enfant
avait annonce sa vocation precoce par de petites fables en vers
francais, et les dignes professeurs, emerveilles, favoriserent cette
disposition plutot que de la combattre. Le jeune Millevoye perdit son
pere a l'age de treize ans; dix ans apres, il celebrait cette douleur,
encore sensible, dans l'elegie qui a pour titre _l'Anniversaire_. Il
reporta sur sa mere une plus vive tendresse. Des sentiments de famille
naturels et purs, une facilite de talent non combattue, bientot
l'emotion rapide, mobile, du plaisir et de la reverie, c'est la le fonds
entier de sa jeunesse, ce sont les caracteres qui, en simples et legers
delineaments, pour ainsi dire, vont passer de l'ame de Millevoye dans sa
poesie.
Il vint a Paris age de quinze ou seize ans, et suivit en 1795 le cours
de belles-lettres professe a l'Ecole centrale des Quatre-Nations par M.
Dumas. Il trouva en ce nouveau maitre, qui succedait cette annee-la a M.
de Fontanes, un eleve affaibli, mais encore suffisant, de la mome ecole
litteraire, un homme instruit et doux, qui s'attacha a lui et l'entoura
de conseils, sinon bien vifs et bien neufs, du moins graves et sains.
M. Dumas, dans une notice qu'il a ecrite sur Millevoye, nous apprend
lui-meme qu'il eut a le ramener d'une admiration un peu excessive
pour Florian a des modeles plus serieux et plus solides. Ses etudes
terminees, le jeune homme songea a prendre un etat; il essaya du barreau
et entra quelque temps dans une etude de procureur. Il sortit de la
pour etre commis libraire dans la maison Treuttel et Wuertz, esperant
concilier son gout d'etude avec ce commerce des livres. Le pastoral
Gessner avait su faire ainsi. Mais, un jour que le jeune Millevoye
etait, au fond du magasin, absorbe dans une lecture, le chef passa et
lui dit: "Jeune homme, vous lisez! vous ne serez jamais libraire."
Apres deux ans de cette tentative infructueuse, Millevoye, en effet, y
renonca. Il avait d'ailleurs amasse en portefeuille un certain nombre de
pieces legeres; il avait compose son _Passage du mont Saint-Bernard_,
une _Satire sur les Romans nouv
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