attendri, quand pres de sa Seraphine,
en d'aimables gronderies, il est assis sur le banc de l'allee des
marronniers, le lendemain de sa nocturne enjambee au _bassin des
Salamandres_; quand se multiplient et se diversifient a ravir sous son
recit les plus rougissantes scenes adolescentes et (ideal du premier
desir!) ce bouquet de cerises malicieusement promene sur les levres
de celui qu'on croit endormi; lorsque veritablement il parait ne plus
vouloir emprunter de ses precedents romans trop ensanglantes que les
souriantes premices ou les douleurs embellies, comme etaient dans
_Therese Aubert_ les adieux a la _Butte des Rosiers_ et ce baiser a
travers les feuilles d'une rose; quand donc on se croit assure qu'il
en est la, tout d'un coup... qu'est-ce? mefiez-vous, attendez!... le
procede final n'a pas change; l'adorable idylle, la pastorale enchantee,
tout amoureusement tressee qu'elle semble, va se trancher net encore a
la Werther ou a la _Wertherie_, sinon par un coup de pistolet, au moins
par une petite verole qui tue, par un anevrisme qui rompt, par une
convulsion delirante; Seraphine, Therese, Clementine, Amelie, Cecile,
Adele, toutes ces amantes qu'il a touchees au front, elles en sont la;
il a comme resume leur destin en un seul dans ces Stances melodieuses,
ou du moins le rhythme et l'image ont tout revetu et adouci:
Elle etait bien jolie, au matin, sans atours,
De son jardin naissant visitant les merveilles,
Dans leur nid d'ambroisie epiant les abeilles,
Et du parterre en fleurs suivant les longs detours.
Elle etait bien jolie, au bal de la soiree,
Quand l'eclat des flambeaux illuminait son front,
Et que, de bleus saphirs ou de roses paree,
De la danse folatre elle menait le rond.
Elle etait bien jolie, a l'abri de son voile
Qu'elle livrait flottant au souffle de la nuit,
Quand pour la voir, de loin, nous etions la, sans bruit,
Heureux de la connaitre au reflet d'une etoile.
Elle etait bien jolie; et de pensers touchants,
D'un espoir vague et doux chaque jour embellie,
L'amour lui manquait seul pour etre plus jolie!...
"Paix! voila son convoi qui passe dans les champs!..."
Idylle et catastrophe, une vive et brillante promesse interceptee, son
imagination avait pris de bonne heure ce tour dans le sentiment de sa
propre destinee et dans l'experience des malheurs particuliers, reels,
auxquels il est temps de venir.
Nous serons bref dans un detail que lui-meme nous a orn
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