La
Bruyere_ (1701):"Depuis que les Caracteres de M. de La Bruyere ont ete
donnes au public, outre les traductions en diverses langues et les
dix editions qu'on en a faites en douze ans, il a paru plus de trente
volumes a peu pres dans ce style: _Ouvrage dans le gout des Caracteres;
Theophraste moderne, ou nouveaux Caracteres des Moeurs; suite des
Caracteres de Theophraste ut des Moeurs de ce siecle; les differents
Caracteres des Femmes du siecle; Caracteres tires de l'Ecriture sainte,
et appliques aux Moeurs du siecle; Caracteres naturels des hommes,
en forme de dialogue; Portraits serieux et critiques; Caracteres des
Vertus et des Vices_. Enfin tout le pays des Lettres a ete inonde de
Caracteres..."]
[Note 145: Il parait qu'une premiere fois, en 1691, et sans le
solliciter, La Bruyere avait obtenu sept voix pour l'Academie par le bon
office de Bussy, dont ainsi la chatouilleuse prudence (il est permis de
le croire) prenait les devants et se mettait en mesure avec l'auteur
des _Caracteres_. On a le mot de remerciment que lui adressa La Bruyere
(_Nouvelles Lettres_ de Bussy-Rabutin, t. VIII). C'est meme la seule
lettre qu'on ait de lui, avec un autre petit billet agreablement
grondeur a Santeul, imprime sans aucun soin dans le _Santoliana_.]
[Note 146: Cette dame a pu etre Marie-Renee de Belleforiere, fille
du Grand-Veneur de France, ou encore Justine-Helene de Henin, fille du
seigneur de Querevain, mariee a Jean-Maximilien-Ferdinand, seigneur de
Belleforiere (Voir Moreri). J'inclinerais pour la premiere.]
Il y a moyen, avec un peu de complaisance, de reconstruire et de rever
plus d'une sorte de vie cachee pour La Bruyere, d'apres quelques-unes de
ses pensees qui recelent toute une destinee, et, comme il semble, tout
un roman enseveli. A la maniere dont il parle de l'amitie, de ce _gout_
qu'elle a et _auquel ne peuvent atteindre ceux qui sont nes mediocres_,
on croirait qu'il a renonce pour elle a l'amour; et, a la facon dont
il pose certaines questions ravissantes, on jurerait qu'il a eu assez
l'experience d'un grand amour pour devoir negliger l'amitie. Cette
diversite de pensees accomplies, desquelles on pourrait tirer tour a
tour plusieurs manieres d'existences charmantes ou profondes, et
qu'une seule personne n'a pu directement former de sa seule et propre
experience, s'explique d'un mot: Moliere, sans etre Alceste, ni
Philinte, ni Orgon, ni Argan, est successivement tout cela; La
Bruyere, dans le cercle du mo
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