ressemblent qu'a l'homme. Cela est
cause que ses portraits ressembleront toujours; mais il est a craindre
que les votres ne perdent quelque chose de ce vif et de ce brillant
qu'on y remarque, quand on ne pourra plus les comparer _avec ceux sur
"qui vous les avez tires._" On voit que si La Bruyere _tirait_
ses portraits, M. Charpentier _tirait_ ses phrases, mais un peu
differemment.]
[Note 150: Voici un echantillon des amenites que _le Mercure_
prodiguait a La Bruyere (juin 1693): "M. de La Bruyere a fait une
traduction des Caracteres de Theophraste, et il y a joint un recueil de
Portraits satyriques, dont la plupart sont faux et les autres tellement
ou tres, etc., etc. Ceux qui s'attachent a ce genre d'ecrire devroient
etre persuades que la satyre fait souffrir la piete du Roi, et faire
reflexion que l'on n'a jamais oui ce Monarque rien dire de desobligeant
a personne. (_Tout ceci et ce qui suit sent quelque peu la
denonciation._) La satyre n'etoit pas du gout de Madame la Dauphine, et
j'avois commence une reponse aux Caracteres du vivant de cette princesse
qu'elle avoit fort approuvee et qu'elle devoit prendre sous sa
protection, parce qu'elle repoussoit la medisance. L'ouvrage de M. de La
Bruyere ne peut etre appele livre que parce qu'il a une couverture et
qu'il est relie comme les autres livres. Ce n'est qu'un amas de pieces
detachees... Rien n'est plus aise que de faire trois ou quatre pages
d'un portrait qui ne demande point d'ordre... Il n'y a pas lieu de
croire qu'un pareil recueil qui choque les bonnes moeurs ait fait
obtenir a M. de La Bruyere la place qu'il a dans l'Academie. Il a peint
les autres dans son amas d'invectives, et dans le discours qu'il a
prononce il s'est peint lui-meme... Fier de _sept_ editions que ses
Portraits satyriques ont fait faire de son merveilleux ouvrage, il
exagere son merite..." Et _le Mercure_ conclut, en remuant sottement
sa propre injure, que tout le monde a juge du discours _qu'il etait
directement au-dessous de rien_. Certes, l'exemple de telles injustices
appliquees aux plus delicats et aux plus fins modeles serait capable
de consoler ceux qui ont du moins le culte du passe, de toutes les
grossieretes qu'eux-memes ils ont souvent a essuyer dans le present.]
[Note 151: Ce serait plutot Boursault que Boyer; car je me rappelle
que Segrais a dit a propos des epigrammes de Boileau contre Boyer: "Le
pauvre M. Boyer n'a jamais offense personne."--Je m'etais mis, comme on
voit,
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