t les pointes effilees d'une broderie de
granit, et, sous le dais, debout, toujours la Vierge souriante, qui semble
inviter le fidele a entrer dans la maison de la priere.
[Note 1: Il y a un benitier semblable a Corseul.]
II
Foi et poesie des Bretons (suite).
=Saint-Thegonec.--Les cimetieres.--Les calvaires.--Cast.=
Il n'est pas besoin de parcourir toute la Bretagne pour avoir une idee de
ces oeuvres de l'architecture embellie par la foi: dans un petit bourg, a
Saint-Thegonec, entre Morlaix et Landerneau, eglise, chapelle funeraire,
sculptures, crypte, calvaire, tous les types de l'art chretien de Bretagne,
se sont comme donne rendez-vous.
Les cimetieres bretons se ressemblent tous; presque partout ils entourent
l'eglise; ceints d'un petit mur bas, souvent ils n'ont pas meme de portes;
une grille de fer, posee a plat sur un petit fosse, suffit pour interdire
aux bestiaux l'acces de la demeure des morts[1]. Une croix, un calvaire ou
sont representees des scenes de la Passion, quelquefois la statue
agenouillee d'un pasteur regrette, image veneree qui rappelle ses vertus a
ses fideles paroissiens (a Goueznou), voila les seuls monuments de ces
cimetieres des villages bretons; les tombes sont marquees par de petits tas
de terre, serres l'un contre l'autre avec une croix dessus. Une pierre
recouvre quelques-unes de ces tombes, et, dans la pierre, on a creuse comme
une petite coupe ou s'amasse l'eau du ciel, et dont la mere, le fils,
l'ami, aspergent la tombe lorsqu'ils viennent s'agenouiller et prier pour
celui qui est couche dans la terre[2]. Ces cimetieres, places au milieu des
bourgs et des villages, ont peu d'etendue, il faut un petit nombre d'annees
pour que ces champs de la mort soient combles des corps des generations
eteintes; les morts bientot sont exhumes pour faire place aux nouveaux
venus: dans quelques villages alors, a Plouha, les fils, apres avoir
deterre les os de leurs peres, ont dresse, le long de la facade de
l'eglise, les pierres des tombes, pierres debout qui ne recouvrent plus
aucun corps, froids temoignages d'un souvenir qui de jour en jour va
s'effacant. Ailleurs, et le plus souvent, on a construit, a cote de
l'eglise, une chapelle funeraire, et la on a recueilli les os des morts
exhumes: si l'on jette un regard a travers l'etroite ogive qui s'ouvre sur
ce charnier sombre, on apercoit un enorme amas d'ossements, entasses et
meles comme des brins de paille; ce sont les hommes qu
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