clatant: portraits sculptes, statues d'un beau style,
ou deja se reflete l'antiquite, choeur ogival tout cisele, et un jube (on
sait combien sont devenus rares ces gracieux et originaux monuments du
catholicisme), un jube de dentelle, ou trefles, rosaces, rinceaux, sont
tailles du ciseau le plus ferme dans un granit bleu indestructible. Le
marteau de la Revolution n'a detache que des fragments insignifiants de ces
belles pierres si purement travaillees. Apres avoir resiste aux folles
passions des hommes, elles semblent pouvoir defier le temps.
Il faudrait dire aussi les clochers de formes si variees, les clochers a
pans coupes de la Renaissance, de la Roche-Maurice-les-Landerneau, de
Landivisiau, de Ploare, de Pontcroix, de Roscoff, accostes de petits et
legers clochetons et ornes de balustrades a deux etages, comme les minarets
de l'Orient; les fleches elevees le long des cotes, celle de Treguier, par
exemple, percee a jour pour laisser passer les grands vents de la mer,
constellee de croix, de roses, de petites fenetres, de croisillons,
d'etoiles, comme un chapeau de magicien. Puis, les benitiers exprimant
toujours le caractere de l'epoque: a Dinan, dans une eglise du XIIe siecle,
une cuve massive, enorme, que quatre chevaliers armes de toutes pieces
supportent de leurs larges gantelets de fer; car le XIIe siecle est le
temps des croisades, de la chevalerie au service du Christ[1]. Dans une
eglise du XVe siecle, au contraire, a Quimper, une elegante petite
colonnette, autour de laquelle s'enroule une fine guirlande de pampres, et
au-dessus, un ange qui ploie ses ailes comme s'il descendait du ciel et se
venait poser au bord de la coupe d'eau consacree. Ou bien, et inspires par
un sentiment plus chretien encore, les benitiers exterieurs, si communs
dans toute la Bretagne, et dont les plus remarquables sont a Landivisiau, a
Morlaix, a Quimperle; le benitier interieur n'est qu'un accessoire; le
benitier exterieur, isole en avant de la porte, a une signification plus
precise: il dit ou l'on va entrer, il sollicite un premier mouvement de
l'ame: le chretien, en avancant la main vers le vase benit, s'arrete, son
coeur se recueille et se prepare. Les architectes bretons ont bien compris
cette grave pensee de la religion: les benitiers exterieurs sont de
veritables monuments, des sortes de petites chaires, le bassin decore
d'emblemes, de symboles, de tetes d'anges enveloppees de leurs ailes; le
dais elance, cisele, d'ou penden
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