voute d'or et d'azur au fond tout etincelant; le choeur, l'autel et les
chapelles laterales, charges de statues, colonnes torses, tetes d'anges,
fleurs, guirlandes, dorees et peintes de toutes couleurs, un ruissellement
d'or, de verdure, de rouge eclatant et d'azur.
De cet ensemble reluisant et vivant, une porte seule, sur le cote, se
detache haute et nue; pas de sculptures, pas d'ornement; les pierres
suintent l'humidite; les assises qui ont pris une teinte noire, separees
par un ciment blanc, ont un aspect lugubre; c'est comme un grand voile de
deuil tendu dans un coin; et, en effet, c'est la porte des morts. Vous
l'ouvrez, et vous vous arretez ebloui: c'est la le cimetiere, et, dans le
cimetiere, devant vous, a droite, a gauche, une reunion inattendue de
monuments: sous le porche ou vous etes, des deux cotes, les statues
alignees des douze Apotres; en face, une large porte a trois arcs, d'un
style imposant, la porte du cimetiere, et l'on dirait d'une arche
triomphale, comme si ces Bretons avaient voulu marquer que celui qui passe
sous cette porte, couche dans le cercueil, entre non dans la terre, mais
dans la vie eternelle, le sejour de la joie et de la gloire; a droite, une
chapelle funeraire, du meme temps que le Louvre de Henri IV, decoree,
sculptee du bas en haut, comme une chasse immense taillee en granit; enfin,
a gauche, monument capital entre tous ces monuments, le Calvaire, un de ces
calvaires compliques, tels qu'on n'en trouve qu'en Bretagne, un peuple de
statues, quatre-vingts ou cent personnages en pierre, dans les attitudes
les plus naturelles et les plus naives, disciples, prophetes, saintes
femmes, larrons sur leurs gibets, gardes sur leurs chevaux, et, dominant
toute cette foule, l'arbre de la croix, colossal, a plusieurs etages, croix
sur croix, aux branches chargees de statues, la Vierge, saint Jean, les
gardes, et, tout au faite, le Christ, les bras etendus sur le monde et les
yeux au ciel; et les anges, suspendus dans les airs, recueillant dans des
coupes le sang precieux de ses mains[1].
[Note 1: Les calvaires de Plougastel et de Pleyben, bourgs si
remarquables du reste par leur belle eglise, sont plus compliques
et plus grands, mais non d'un effet plus saisissant.]
Et ce n'est pas tout: entrez dans la crypte de la chapelle funeraire; et
la, vous vous trouverez en face d'un autre chef-d'oeuvre, l'ensevelissement
du Christ, execute dans des proportions colossales, cette scene qui
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