tre deux feux
par des troupes superieures en nombre, Hoche ne peut resister (16 juillet).
Mais, voila qu'il arrive de ces malentendus qui dejouent les projets les
plus habilement concus, de ces accidents qui ne sont pas des coups de
hasard, mais que Dieu jette a l'encontre des capitaines quand il les veut
perdre. Le premier detachement est detourne de son chemin par un
contre-ordre venu on ne sait d'ou[1], il s'egare a dix lieues de la; son
chef meme, Tinteniac, est tue; la seconde troupe a peine a mis pied a terre
qu'elle est obligee de se rembarquer; les deux attaques sur les flancs et
les derrieres des republicains manquent ainsi a la fois; le signal qui
devait avertir de ce contre-temps n'est pas apercu.
[Note 1: Des agents de l'interieur.]
Cependant les emigres, dans leur impatience, sortent de la presqu'ile; ils
ne veulent meme pas attendre ce renfort tant desire, le corps de Sombreuil,
quinze cents vieux soldats qui viennent d'arriver et vont debarquer. Ils
marchent en rangs epais contre le camp de Hoche place sur une hauteur et
defendu par de formidables retranchements; Hoche les laisse s'approcher;
puis, tout a coup, a quelques pas, une batterie se demasque, et une
decharge meurtriere, en un instant, en abat des centaines; les rangs sont
haches en troncons. Se figure-t-on la stupeur et l'effroi a cette surprise?
Mais ici, ces gentilshommes, qui dedaignaient les paysans, vont leur
prouver du moins qu'ils sont dignes de les commander. Un moment troubles et
desunis, bientot ils se reforment, et, comme si des trouees sanglantes ne
les avaient diminues, ils alignent leurs rangs, et du meme pas, du meme pas
qu'auparavant, ni plus vite, ni plus lentement, ils continuent a monter
vers ce rempart d'ou plonge un feu de mitraille qui les decime. Les
republicains, les voyant de ce rempart, marcher impassibles et en bon
ordre, ne pouvaient retenir leur admiration: "Il semblait, leur
disaient-ils apres la defaite, que vous marchiez a la parade.--On s'est
battu des deux cotes avec energie, ecrivait Hoche, ces hommes egares se
sont souvenus qu'ils etaient Francais et qu'ils avaient des Francais devant
eux."
C'est que la plupart etaient des officiers, et ces officiers, qui avaient
toute leur vie crie _en avant!_ a leurs soldats, soldats aujourd'hui, ne
savaient pas reculer. De soixante-douze officiers de Royal-Marine, il en
perit quarante-trois; de cette troupe heroique de cent vingt vieux
veterans, chevaliers de Saint
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