t, comme une armee, entourer de leurs longues lignes
aux cent replis l'eglise de Sainte-Anne d'Auray? et ces tableaux miraculeux
qui tapissent du haut en bas l'eglise de la mere de la Vierge, trop petite
pour ce musee chretien incessamment renouvele? A chaque pas s'elevent des
chapelles et des eglises neuves: a Saint-Brieuc, on en construit plusieurs
a la fois; Lorient, ville toute peuplee de marins et de soldats, vient
d'elever a ses portes une eglise dans le gout du XIVe siecle; Vitre donne a
son eglise un clocher neuf et une chaire sculptee; les petits villages
dressent, dans leur cimetiere, des calvaires a personnages comme au moyen
age; le calvaire de Ploezal, entre Treguier et Guingamp, est date de 1856;
Dinan restaure et agrandit sa belle eglise de Saint-Malo; Quimper lance
dans les airs deux fleches hardies sur les tours de sa cathedrale; la
chapelle de Saint-Ilan, modele de grace et d'elegance, s'eleve toute
blanche, au bord de la mer, au milieu des toits calmes de sa colonie
pieuse; Nantes, en meme temps qu'elle batit plusieurs eglises nouvelles,
acheve son immense cathedrale, dome de Cologne de la Bretagne, auquel tous
les siecles ont mis la main, et construit cette eglise Saint-Nicolas,
reproduction presque parfaite de l'art religieux au temps de saint Louis,
oeuvre digne des plus beaux temps de l'art religieux, et qu'a suffi a
accomplir en moins de dix ans le zele de son pasteur et la piete de ses
enfants, avec le produit de leurs aumones et de leurs dons. Il y a quelques
annees, a Guingamp, on dedia a la sainte Vierge une chapelle placee a
l'exterieur de l'eglise: statues peintes des douze Apotres, autel
resplendissant, voute azuree aux etoiles d'or, nulle depense ne fut
epargnee, nulle decoration ne parut trop splendide pour orner le sanctuaire
de la Vierge; il s'y trouva cinquante mille personnes le jour de
l'inauguration. Ce sont la les fetes nationales des Bretons; ailleurs, les
peuples se pressent au passage des princes ou aux anniversaires de
revolutions qui se succedent; eux accourent de toutes les parties de la
Bretagne pour assister au couronnement de la Reine du ciel.
Et quelle piete, quel recueillement, quelle gravite dans le maintien de ces
hommes et de ces femmes agenouilles sur le pave des eglises! Ce n'est qu'a
la Trappe que j'ai vu une absorption aussi complete de l'etre humain dans
une pensee qui le remplit: il semble que toutes les fonctions de leur vie
soient aneanties; immobiles dans leu
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